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GRASSE VINTAGE Les photos anciennes de Grasse

Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses

Du nouveau à Grasse dans le monde de la parfumerie

             Une nouvelle approche et une mise à jour très complète dans de nombreux domaines du monde de la parfumerie industrielle vient d’être publiée sous le titre tout à fait évocateur de la magie des fleurs à parfums du Pays de Grasse toujours exceptionnelles, des techniques des industriels et de l’art de la création des parfumeurs, « La Magie d’un Terroir - Regards sur cinquante ans de parfumerie en Pays de Grasse ».

 

 

LES CONGREGATIONS RELIGIEUSES

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P R E A M B U L E

 

Pendant plusieurs siècles, Grasse a abrité, de nombreuses congrégations religieuses et de nombreux ordres religieux qui ont marqué de manière assez forte le tempo de la cité ancienne que ce soit au niveau religieux bien entendu mais aussi au niveau de l'aide à la population par les soins, la charité ou encore l'éducation et l'enseignement.

Nous allons aborder dans ce chapitre l'inventaire de cette présence à Grasse de ces congrégations religieuses. Nous parlerons de leurs églises et de leurs couvents qui se trouvaient dans la cité ou à l'extérieur des murs de protection. Ils abritaient leur communauté pour les loger, pour leur permettre le recueillement et la prière et parfois de cultiver leurs "jardins" pour y vivre en parfaite autarcie.

Ces couvents, nous le savons, ont été abandonnés mais ils ont eu une seconde vie quand la période faste de ces congrégations s'est arrêtée. Ils ont été occupés pour la plupart par l'industrie de la parfumerie en pleine mutation et en plein essor. En ce début du XXIe siècle nous  avons peut être un peu de mal à imaginer l'importance de ces congrégations religieuses "d'antan". Mais nous allons constater que cela a bien été réel...

 

 

Document Jean Napoli

 

QUELQUES DEFINITIONS 

avant de parler de Grasse

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Congrégations religieuses

En droit français, une congrégation religieuse est un groupe de personnes qui vivent en communauté pour des motifs religieux. L'expression est empruntée au vocabulaire de l'Eglise catholique mais elle peut s'appliquer à toutes les religions ou confessions.

Les congrégations chrétiennes sont des institutions, approuvées par les évêques ou les papes, qui se sont créées au fil du temps en fonction des besoins ou des crises qui agitaient l'Eglise, et sont l’illustration de l’évolution de celle-ci.

Depuis le Concile Vatican II, plus aucune distinction n'est faite, canoniquement parlant, entre un « ordre », une « congrégation » ou autre institut religieux.

 

Photo internet

 

Clergé régulier et clergé séculier

Moines, moniales, religieux et religieuses vivent dans une communauté dont la vie est organisée par une règle. Les novices, aspirant à la vie religieuse, deviennent moines en s'engageant pour toute leur vie par "la règle des trois voeux" :  obéissance, chasteté et pauvreté. C'est pourquoi on considère qu'ils forment au sens large le clergé régulier (règle).

Le clergé séculier est le clergé qui vit « dans le « siècle » » (du latin : sæcularis) au milieu des laïcs, par opposition au clergé régulier qui vit « selon une « règle » de vie » (du latin : regularis) d’un ordre, d'une abbaye, d'un couvent, d'un prieuré.

Les membres du clergé séculier ont pris des engagements religieux, mais leur principale caractéristique est d'être engagés dans la vie séculière et non en communauté. Le terme clergé séculier regroupe généralement les prêtres, les chanoines, etc.

 

 

Alors que le clergé régulier s'engage dans les trois vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, le clergé séculier ne prononce aucun vœu, seulement les engagements de célibat (de ne pas vivre en couple) et d'obéissance (de manière générale à l'Église, par l'intermédiaire de chaque supérieur hiérarchique). Les membres du clergé séculier sont soumis à la règle canonique et sont tenus de réciter les différentes prières de l'Office divin. 

Cependant il se peut qu'un clerc séculier, comme un prêtre, décide d'entrer dans une congrégation religieuse, et donc, en plus de ses engagements s'ajoutent et se mêlent les vœux religieux.

Le droit canonique ou droit canon

Le droit canonique ou droit canon (Jus canonicum en latin) est l'ensemble des lois et des règlements adoptés ou acceptés par les autorités catholiques pour le gouvernement de l'Église et de ses fidèles.
Les moines et les moniales (les soeurs ou les nonnes ou encore les religieuses) ne peuvent pas faire canoniquement partie du clergé séculier et à strictement parler, n'ayant pas reçu les ordres sacrés sont des laïcs. 

 

Infos Wikipedia

 

 

V-2020-01

 

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Ce blog a été réalisé par : andre.raspati@gmail.com

Avec mes plus vifs remerciements aux différentes personnes qui m'ont aidé à réaliser ce blog "Grasse-Vintage" et tout particulièrement :

  • La Région PACA qui m'a aimablement autorisé à utiliser les textes et les photos publiés dans l'inventaire général du Patrimoine Culturel : https://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?texte=%22parfumerie+de+Grasse%22&type=Dossiers
  • Le centre de Documentation iconographique, documentaire et historique produite par les services patrimoniaux de la DRAC PACA et réalisée par Gabriel BENALLOUL -  http://patrimages.culture.fr/
  • La Maison du Patrimoine de la Ville de Grasse dont la responsable Laurence ARGUEYROLLES m’a permis d’accéder à de très nombreuses informations - animation.patrimoine@ville-grasse.fr 
  • Les Archives Communales de la Ville de Grasse qui m'ont aidé dans mes recherches et permis d'accéder à de très nombreuses informations - http://www.ville-grasse.fr/archives_communales.html  
  • Corinne JULIEN-BOTTONI qui m'a aimablement autorisé à publier ses articles de l'histoire de Grasse qui paraissent régulièrement dans Nice-Matin 
  • Robert VERLAQUE, professeur, historien, auteur d'ouvrages sur Grasse (Grasse du Moyen-Age à la Belle-Epoque, Grasse au XX ème siècle), Président du Cercle Culturel de Grasse qui m'a transmis de nombreux documents
  • Alain SABATIER, photographe qui m'a autorisé à utiliser ses clichés pour illustrer mes blogs
  • Toutes les personnes qui m'ont prêté leur collection de cartes postales, de photos ou de documents. 
  • Toutes les personnes qui publient ou qui ont publié sur les réseaux sociaux des documents ayant un lien avec mon blog

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Bibliographie

  • "Contribution à la connaissance de la ville de Grasse" de Joseph FARNARIER
  • "Le Pays de Grasse" de Hervé de FONTMICHEL
  • "Grasse, Portrait d'une ville provençale" d'Alain SABATIER et Lucien AUNE
  • "Grasse, dans les bouleversements du XXe siècle" de Robert VERLAQUE

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Si un document qui figure dans ce blog n'est pas libre de droit merci de me le signaler

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LES CONGREGATIONS RELIGIEUSES ET GRASSE

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§1 -  LES PETITES SOEURS DES PAUVRES (à Grasse de 1873 à 2005 - Ma Maison)

§2 - LES SŒURS OBLATES DE SAINT FRANÇOIS DE SALES (à Grasse en 1913... Mont-Ventoux)

§3 - LES ORATORIENS (à Grasse en 1628 - église et couvent de l'Oratoire)

§4 -LES AUGUSTINS (à Grasse en 1256 - église et couvent rue des Augustin)

§5 - LES VISITANDINES (à Grasse en 1634 - église et couvent de la Visitation)

§6 - LES CAPUCINS (à Grasse en 1605 - église et couvent Palais de Justice)

§7 - LES DOMINICAINS (à Grasse au XIVe siècle - église et couvent rue Ossola)

§8 - LES CORDELIERS (à Grasse en 1240 - église et couvent place Martelly)

§9 - LES URSULINES (à Grasse en 1306 - couvent Rue Tracastel)

§10 - LES SOEURS DE SAINT-THOMAS DE VILLENEUVE (à Grasse en 1901 - école Jeanne d'Arc et Hôpital civil)

§11 - LES DOMINICAINES DU SAINT NOM DE JESUS (à Grasse en 1831 - école Saint-Marthe)

§12 - LES SALESIENS (à Grasse en 1935 - école Fénelon)

§13 - LES CARMELITES (à Grasse de 1935 à 1970)

§14 - LA COMMUNAUTÉ DES BÉATITUDES (au Sanctuaire de Valcluse)

§15 - QUELQUES AUTRES : TRINITAIRES, SOEURS SAINT-JOSEPH DE GERONE

 

 

 

 

§1 - LES PETITES SŒURS DES PAUVRES

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Plusieurs générations de grassoises et de grassois ont vécu "avec" la présence rassurante des Petites Sœurs de Pauvres qui s'occupaient à merveille d'une grande maison de soins, de convalescence et de retraite située sur la petite route qui quitte le plateau Saint-Hilaire en direction de l'ancienne clinique privée du Docteur Martin, le chemin Jeanne Jugan, en mémoire de la fondatrice de Petites Sœurs des Pauvres.

 

Cartes postales de Ma Maison - Documents Petites Soeurs des Pauvres

 

 

Ma Maison de Grasse, racontée par ses Petites Sœurs

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Document Petites Sœurs : Les Nouvelles Religieuses du 13/09/2005

"Les Petites Sœurs des Pauvres accueillent, réconfortent, soignent et accompagnent jusqu'au terme de leur existence les aînés placés par Dieu sur leur route. Pour accomplir leur mission, elles se sont installées à Grasse, sous le patronage de Saint-Joseph, il y a plus de cent trente ans. En effet, des 1862, la commune de Grasse, et ses représentants politiques, ont émis la volonté d’accueillir dans leur commune un établissement des Petites Sœurs des Pauvres. A la suite d'un legs important, en 1872, la congrégation a prospecté pour trouver un terrain et une maison convenable pour pouvoir accueillir et s'occuper des personnes âgées. Ce fut le cas, et les Petites Sœurs des pauvres arrivent à Grasse, le 29 mai 1873.

 

Document : les Nouvelles Religieuses

 

Depuis, des réhabilitations et travaux des lieux ont été entrepris régulièrement. La charité des habitants de la ville s'est vite rendue visible et efficace en ce sens. Dès juin 1873, neuf personnes âgées étaient accueillies et vingt-cinq en octobre. En mars 1877, des travaux d'agrandissement commencèrent, sur un terrain défriché par les personnes âgées elles-mêmes.

Cela permit la création d'une nouvelle aile, rajoutée a l’édifice, pouvant loger cinquante personnes supplémentaires. En 1882, nouvel agrandissement et construction de la chapelle. En juin 1909, un legs permit de rehausser d'un étage l'ensemble du bâtiment. L’été 1848 fut consacré à des travaux d'assainissement et drainage pour canaliser des cours d'eau, traversant la propriété. L’évolution de la société fit, dans les années 70, transformer les dortoirs en chambres doubles ou individuelles. Egalement, la cuisine fut remise aux normes en 1998 tout comme la chapelle en l’'an 2000.

Ce travail de réhabilitation permanent était voulu pour respecter au plus près les normes et la législation, mais surtout pour apporter le plus grand confort possible aux personnes âgées."

 

Cartes postales de Ma Maison - Documents Petites Soeurs des Pauvres

 

 

La création de la congrégation 

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La congrégation des Petites Sœurs des pauvres est fondée en 1839 par Jeanne Jugan (1792-1879) qui accueille dans sa modeste maison de Saint-Servan-sur-Mer une vieille aveugle ; bientôt deux autres compagnons se joignent à elle et en 1840, la communauté prend un caractère stable. Le 29 août 1842, la fraternité dédiée aux soins des personnes âgées pauvres et malades est affiliée à l'ordre hospitalier de Saint-Jean de Dieu et approuvée par l'évêque de Rennes le 29 Mai 1852.

L'institut reçoit le "décret de louange" le 9 juillet 1854 et ses constitutions religieuses sont définitivement approuvées par le Saint-Siège le 1er Mars 1879. Le Décret de louange est le document officiel par lequel le Saint-Siège approuve l'existence d'un institut de vie consacrée, lui concédant de pouvoir exercer son apostolat dans toute l'Église universelle. Cet institut est alors dit être de droit pontifical.

Pour la création d'une nouvelle congrégation religieuse, il est nécessaire au départ d'obtenir le nihil obstat de l'autorité ecclésiastique compétente et l'approbation de l'ordinaire du lieu c'est-à-dire l'évêque du diocèse. La congrégation est alors dite de droit diocésain. Quand la congrégation a pris de l'importance, et que l'on peut en constater la maturité spirituelle et apostolique, elle peut être approuvée formellement par le pape, qui la transforme alors en congrégation de droit pontifical. Elle devient alors directement sujette à l'autorité du Saint-Siège. Si tout se passe bien, une première approbation temporaire est suivie quelques années plus tard par l'approbation définitive.

 

Photos internet - Jeanne Jugan

 

 

Uniquement au service des pauvres les plus démunis

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Ma Maison de Grasse accueille les sœurs depuis le 29 mai 1873. Quand elles quittent Grasse fin 2005 pour rejoindre Ma Maison de Nice, la communauté compte treize sœurs de huit nationalités différentes. Sœur Bernadette, la Mère supérieure, de nationalité américaine, explique que cela reflète l'universalité de l'église et témoigne du vœu quotidien de la communauté d'être au service des pauvres pendant ces 132 années.

 

Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - L'infirmerie des Dames
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - Les Dames dans la cour principale
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - L'infirmerie des Messieurs
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - Jean et Coquette
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - Repas de fête de la Saint-Joseph

 

 

L'aide aux Petites Sœurs... uniquement des dons

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Mais pour être au service des plus démunis, cela n'a pas toujours été facile à financer. Sans subventions officielles, les Sœurs étaient dans l'obligation de vivre de dons, de legs qui ont été importants. Et combien de grassois, parmi les plus anciens, ont vu les Sœurs faire la quête dans la ville auprès des commerçants pour ramasser un peu d'argent ou sur les marchés pour ramener à Ma Maison des fruits ou des légumes.

 

Retour de quête en 1949 - Document Petites Soeurs des Pauvres
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - Le résident peintre Michel Warlamoff
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - Peinture de Michel Warlamoff
Document Petite Soeurs des Pauvres - Grasse 1949 - Peinture de Michel Warlamoff

 

 

L'aide aux Petites Sœurs encore ...

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De nombreuses personnes bénévoles ont toujours aidé les Petites Sœurs soit pour participer à la présence auprès des malades soit pour collecter toutes sortes de cadeaux qui pourraient être vendus pendant des journées de brocante, de vide-greniers ou encore de braderies, tels des vêtements, des bijoux, de la vaisselle, des jouets, des livres, des tableaux et tout autre bric-à-brac... Il faut également signaler l'aide des associations caritatives et tout particulièrement celles du Rotary Club de Grasse, (Madame Chantal Roux - Parfumerie Galimard en tête), transformé pour un temps en banque alimentaire.

 

 

Document Nice-Matin

 

Document Nice-Matin

 

Documents : http://www.rotary-club-grasse.org/nos-actions/les-petites-soeurs-des-pauvres.html

 

 

Les réveillons avec le CPJ

31 décembre 1970 soirée animée par les jeunes du CPJ (Club Pour Jeunes) de la rue de l'Oratoire... musique, spectacles et déguisements...pour la plus grande joie des résidents.

 

Documents Club Pour Jeunes

 

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Réveillon Petites Soeurs - Document Jacqueline GOUTELLE

 

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1999 - La chapelle des Petites Soeurs des Pauvres

 

 

 

L'histoire d'un triste départ expliqué par les sœurs

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Document Petites Soeurs des Pauvres - Texte de Mélanie Raynal

Grasse pleure le départ des Petites Sœurs des Pauvres

 

"Apres plus de cent trente ans de dévouement et de service aux personnes âgées, la congrégation des Petites Soeurs des Pauvres se retire de la ville de Grasse. Face au progrès médical et à l’évolution des normes de sécurité, les soeurs sont dans l’obligation de se résigner à se séparer de leur maison d’accueil et de retraite de Grasse. Ne pouvant effectuer les transformations nécessaires au bon fonctionnement du bâtiment, celui-ci a été vendu, les pensionnaires actuels relogés et les salariés assurés de conserver leur emploi.

La congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, fondée en 1839, par Jeanne Jugan, est aujourd’hui présente sur les cinq continents, dans plus de trente pays, avec deux cent dix maisons de retraite. Les Petites Sœurs des pauvres accueillent des personnes âgées aux ressources modestes pour les soigner, les accompagner jusqu'au terme de leur vie et cela dans le plus grand respect de leur existence, de leurs relations familiales et de leurs convictions. Pour ce faire, les sœurs collaborent avec du personnel salarié, des professionnels de la santé et des bénévoles.

La congrégation est répartie a travers le monde en vingt provinces plus ou moins étendues. La France compte quatre provinces et Cinquante maisons de retraite. La province Lyon / Marseille recense a elle seule douze maisons, dont celle de Grasse.

Ma maison de Grasse — toutes les maisons de retraite portent le même nom — accueille les sœurs depuis 1873. Aujourd’hui (nb :2005), la communauté compte treize sœurs de huit nationalités différentes. Sœur Bernadette la mère supérieure, de nationalité américaine, explique que cela reflète l'universalité de l'Eglise et témoigne du vœu quotidien de la communauté d‘être au service des pauvres. Cette diversité permet une grande ouverture d'esprit, facilite le partage, l'échange et la spiritualité.

 

Document Petites Soeurs des Pauvres

 

La maison de Grasse possède une capacité d'accueil de soixante-quatorze personnes âgées. Au fil des années, les Petites Sœurs des Pauvres n'ont pas cessé de réhabiliter les lieux, de les adapter aux nouvelles normes médicales et de sécurité, tout en conservant l'esprit de Jeanne Jugan. En effet, ce ne sont pas les aspects techniques et matériels qui comblent les personnes âgées. La mission des Petites Sœurs des Pauvres demande une présence quotidienne de proximité, un accompagnement jour et nuit. « Il ne nous est pas nécessaire d'être des professionnelles du milieu médical, témoigne une sœur, pour rester au chevet d'un résident toute la nuit et lui essuyer le front. »

Accompagner les personnes jusque à la mort nécessite aujourd'hui de médicaliser la maison de retraite. Même si les sœurs sont aidées par des infirmières, des médecins et trente-quatre salariés, elles constatent que le service a évolué, en même temps que les résidents. Ces derniers deviennent de plus en plus dépendants et cela requiert une spécialisation des lieux. Malgré ces changements, le charisme des sœurs reste intact, dans un esprit familial où chacun se sent libre et aimé.

Jusque à présent, la maison de Grasse a connu une évolution progressive. Cependant, aujourd'hui, les changements nécessaires sont considérables : chambre individuelle avec cabinet de toilette indépendant, structures plus médicalisées, soins palliatifs, soulagement de la douleur... Sœur Mary-Chantal, la mère  provinciale, explique qu'il a été nécessaire alors de s'asseoir, de réfléchir et de prier pour trouver une solution adéquate : « Si l'on veut qu'un arbre fleurisse et soit en bonne santé, i! faut parfois savoir couper certaines branches, »

La maison de retraite de Nice des Petites Sœurs des Pauvres est l'exemple réussi de cette adaptation. Très moderne, la structure est entièrement médicalisée et adaptée aux normes de santé et de sécurité, nécessaires aux respect et confort des personnes âgées. Cette adaptation s'est faite dans le respect des missions des soeurs, comme le disait Jeanne Jugan : « Aimer et accompagner les personnes, jusqu'au bout, dans la dignité. »

 

Document Petites Soeurs des Pauvres

 

La solution choisie pour la maison de Grasse a donc été de vendre les lieux, mais que cela reste une maison de retraite, au service des personnes âgées, pour assurer une continuité dans la mission. La société ORPEA, spécialisée dans les maisons de retraite rachète donc l'ensemble de la propriété. Les Petites Sœurs des Pauvres ont eu l'occasion de visiter des maisons du même groupe pour apprécier l‘esprit dans lequel il travaille.

Même si cette entreprise est à but lucratif, elle a un souci profond de la personne âgée et de sa dignité. ORPEA va procéder à des travaux, progressivement, pour permettre la mise aux normes de ce qui le nécessite. Les travaux et la conservation des lieux effectués tout au long de ces années par les sœurs vont permettre à la nouvelle société de ne pas stopper l'activité. De plus, comme l'exigeaient les Petites Sœurs des Pauvres, des trente-quatre salariés est repris par la nouvelle société. Celle-ci s'est engagée à leur proposer des formations et la validation de leurs acquis professionnels.

Auprès des résidents, les Petites Sœurs des Pauvres ont réalisé un très gros travail d'accompagnement et d'explication. Ainsi, chacun trouve le meilleur endroit pour finir sa vie. La grande majorité des résidents a souhaité rester dans une maison gérée par la congrégation. Tenant compte de la situation géographique des familles et de la volonté de chacun, seize résidents partent pour la maison de Nice, d'autres vont dans les maisons de Toulon, Marseille ou Lyon. Ces dernières sont en train de s‘adapter pour pouvoir accueillir les nouveaux résidents.

 

 

Dix personnes âgées ont fait le choix de rester a Grasse même et sont donc placées dans d'autres institutions qui peuvent les accueillir en terme de place et de ressources. Le départ des résidents est difficile car ils quittent une véritable famille. Des liens très forts se sont créés au fil des années entre les personnes âgées et les petites sœurs. Ces dernières les accompagnent jusqu’aux nouvelles résidences, ou les personnes âgées retrouvent vite leurs marques.

Les Petites Sœurs des Pauvres, quant à elles, sont appelées a se répartir dans l'ensemble de la province et a continuer avec autant d’humilité leur mission, au plus proche des personnes âgées pauvres. Elles transmettront les lieux et la gestion de l’activité d'ici la fin de l'année 2005. Elles tiennent a remercier chaleureusement M. le maire de Grasse, les chefs d'entreprise et toutes les personnes qui ont su être a leur côté dans chaque étape de cette maison et cela jusqu'au bout de leur tâche.

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Pour mémoire nous pouvons noter que la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres quitte de plus en plus leur implantation de maison de retraite dans les petites villes. Le manque de vocations (comme dans toutes les congrégations et aussi dans le clergé séculier) explique aussi ce phénomène.

 

 

 

Ma Maison nouvelle formule

L'EHPAD LES JARDINS DE GRASSE

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https://www.maison-retraite-selection.fr/maison-de-retraite/ehpad/5477-ehpad-les-jardins-de-grasse.html

 

 

 

Comme cela est expliqué ci-dessus, les treize dernières Soeurs de Ma Maison de Grasse, avant de se retirer dans Ma Maison de Nice, ont été contraintes de vendre les lieux à une société qui assurerait la continuité de l'activité de maison de retraite au services des personnes âgées et qui aurait les moyens financiers et humains de transformer les installations qui doivent correspondre aux normes médicales en vigueur dans ce type de fonction et aussi de répondre aux exigences des résidents qui deviennent de plus en plus dépendants.

 

 

C'est la société ORPEA, spécialisée dans les maisons de retraite qui a racheté l'ensemble de la propriété. Jonchés sur sa colline, dominant les environs, les bâtiments s'ouvrent sur un superbe environnement naturel tout en étant à proximité du centre ville de Grasse. Si son décor extérieur est majestueux, son intérieur l'est aussi. Ancienne demeure des « Petites Sœurs de Pauvres » totalement réhabilitée en 2007, elle accueille des résidents de toutes dépendances dans des conditions de confort hors normes. Le salon principal qui occupe une ancienne chapelle, offre un cadre luxueux et raffiné à l'image de la totalité des lieux de vie. Les chambres, pour la plupart, ont une vue sur la vallée et les paysages environnants, soignées et bien équipées, certaines disposent d'une terrasse ou d'un balcon. Elles sont toutes équipées d'une salle de bain, d'un lit médicalisé, d'un appel malade, d'un téléphone et d'une prise de télévision. Pour recréer un univers familier, les résidents ont la possibilité d'apporter des petits meubles et objets de décoration. Le jardin est également doté d'un parcours de santé spécifiquement adapté aux personnes âgées.

 

 

L'équipe de soins est très complète avec médecin coordonnateur, infirmières, aides soignantes, AMP, ergothérapeute et psychologue à demeure ainsi que des intervenants extérieurs (médecins traitants, kinés, orthophoniste, pédicures, podologues, dentistes, pharmacien et laboratoires). Un projet de soins est établi par le médecin coordonnateur et l'équipe soignante (infirmière coordinatrice, infirmières, aides-soignantes) en concertation avec le médecin traitant. Il précise les modalités d'organisation des soins en fonction de l'état de santé du résident. Les animations sont fréquentes et variées, d'ordre manuel, physique, ludique, ou intellectuel, (gym douce, jeux de société, ateliers mémoire, ateliers cuisine, spectacles, couture, média, peinture, lecture, chants, fêtes et de multiples sorties, etc...) organisées 7 jours sur 7, matin et après-midi, visant à maintenir le lien social. Un office religieux est célébré tous les mois. La restauration est réalisée sur place par un chef et servie à l'assiette sur tables nappées

... Mais le Petites Sœurs ne sont plus là...

 

Je remercie très chaleureusement les Sœurs de Ma Maison pour leur aide et les documents qu'elles ont eu l'extrême amabilité de me confier.

 

 

§2 - LES SŒURS OBLATES DE SAINT FRANÇOIS DE SALES 

Plus de 100 ans de présence à Grasse

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Le jardin d'enfants du Mont-Ventoux à Grasse - Document Google Earth

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Au départ

Fondation d'une œuvre d'éducation de la jeunesse pauvre au XIXe

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La ville de Troyes connaît un grand essor industriel au milieu du XIXe siècle avec l'ouverture de filatures mais les conditions sociales des ouvriers et des ouvrières sont précaires. Pour leur apporter aide et réconfort, il y aura plusieurs acteurs. Tout d'abord l'abbé Louis Brisson, aumônier du couvent des Visitandines de la ville qui mettra sur pied le premier foyer d'hébergement et d'éducation des jeunes ouvrières. Il sera en parfait accord avec la supérieure du couvent des Visitandines, Mère Marie de Sales Chappuis qui l'influencera à oeuvrer comme elle dans l'esprit de Saint François de Sales, le fondateur de l'ordre religieux de la Visitation. Enfin Léonie Aviat et Lucie Canuet, jeunes novices de la Visitation seront détachées du couvent pour fonder une nouvelle congrégation qui sera en parfaite harmonie avec cette œuvre d'éducation de la jeunesse pauvre et dont la première mère supérieure sera Léonie Aviat. 

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L'abbé Louis Brisson

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Louis Alexandre Alphonse Brisson (23 juin 1817 - 2 février 1908) est un prêtre catholique français, fondateur à Troyes des Oblats et des Oblates de Saint François de Sales, une nouvelle congrégation religieuse. Il sera béatifié le 22 septembre 2012 dans la cathédrale de Troyes en présence de Manuel Valls, premier ministre de l'époque et François Barouin, maire de Troyes.

 

L'Abbé Louis Brisson - Béatifié le 22/09/2012 à Troyes

 

Louis Brisson entre à quatorze ans au petit séminaire de Troyes puis au grand séminaire. Professeur dans ce dernier établissement, il est aussi chargé du catéchisme et d'autres cours auprès des jeunes filles du pensionnat de la Visitation. Ordonné prêtre en 1840, il devient aumônier du couvent de la Visitation de Troyes, charge qu’il assume durant 44 ans et dans laquelle il est fortement influencé par la supérieure, Mère Marie de Sales Chappuis (1793-1875).

Le père Brisson pratique un catholicisme social. Membre de la confrérie des Bonnetiers depuis 1850, il est atterré par la déchristianisation et la « matérialisation » nées de l’industrialisation urbaine. Les ouvriers se détachent de l’Église qui enseigne la soumission et la patience et est jugée favorable aux patrons. La main d’œuvre féminine des usines est touchée par la dépravation morale qu’engendre la misère. 

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Les foyers pour les ouvrières

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En 1858, le père Brisson fonde alors pour les jeunes ouvrières son «Hangar des Hirondelles», premier maillon d’une chaîne d’apostolat de la classe ouvrière de Troyes qui, à son apogée, compte six de ce type de maisons qui hébergent jusqu’à cinq ou six cents jeunes filles. Et plus tard, en 1869, à l'initiative des frères Hoppenot, entrepreneurs textiles adeptes du catholicisme social, est construit un foyer, comprenant dortoirs, réfectoire et buanderie, et qui permet l’accueil des jeunes ouvrières de leur filature voisine. Il s'agit de "l'ouvroir" des Tauxelles. Un ouvroir est le lieu où l'on se rassemble, dans une communauté de femmes ou dans un couvent, notamment pour effectuer des travaux d'aiguille.

 

Photos internet : les anciennes filatures de Troyes

 

Celles-ci peuvent habiter au foyer ou n’y venir que pour la détente. Certaines travaillent dans la maison, d’autres ont un emploi au dehors. Généralement, elles apprennent d’abord leur métier sur place, puis vont en usine. Le foyer fait ainsi office de centre d’apprentissage et d’emploi. Les pensionnaires, qui apprennent aussi les tâches ménagères et la gestion de leur salaire, seront jusqu’à soixante internes et trente externes.

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Les Oblates de Saint-François-de Sales

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Le 30 octobre 1868, Léonie Aviat et Lucie Canuet, jeunes novices de l'Ordre de la Visitation à Troyes qui avaient aidé à la mise en place avec l'abbé Brisson de cette œuvre d'éducation de la jeunesse pauvre reçoivent l'habit de la fonction des mains de Monseigneur Mermillod, évêque de Genève et la congrégation des Oblates de Saint-François-de-Sales devient officielle.  Léonie joue les premiers rôles ; elle prend le nom de Françoise de Sales Aviat, elle est désignée comme première supérieure des oblates (ce qui veut dire « offertes » en latin). La profession religieuse a lieu le 11 octobre 1871. La nouvelle congrégation des Oblates de Saint-François-de Sales se diffuse rapidement en France en se vouant à diverses tâches de promotion sociale en faveur des classes pauvres pour leur apporter éducation, aide et réconfort. Elle ouvre des patronages, des maisons de famille, des pensionnats et des écoles. Et bien entendu cette congrégation de spiritualité salésienne, se chargera de l’évangélisation de la jeunesse ouvrière.

 

Photos internet : Sainte Léonie Françoise de Sales Aviat

 

Les soeurs Oblates sont 25 en 1879. Elles s’occupent toujours du bien être des jeunes ouvrières, de leur éducation et de leur formation. Elles organisent et dirigent l’ouvroir des Tauxelles créé par les industriels Hoppenot. Les Oblates tiennent aussi l’école annexe.

Au niveau national et international la congrégation s'étend en se vouant à diverses tâches de promotion sociale, surtout en faveur des classes pauvres. Les premières missionnaires partent en 1883-1884 et se répandent en France et à l’étranger : Afrique, Amérique latine, Autriche...

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Mais en 1903, les lois de séparation de l'Église et de l'État votées par la IIIe République exigent la fermeture de tous les établissements du type de ceux fondés par les soeurs oblates. Elles sont chassées de France....Toutes les congrégations deviennent interdites... Pour leurs membres, c'est le temps de l'exil qui durera pour certains une vingtaine d'années.  Mais certaines reviendront en France à nouveau pour oeuvrer selon la vocation de leur congrégation approuvée par Pie X le 4 avril 1911. Les soeurs Oblates gèreront à nouveau des centres d'accueil pour jeunes filles, des écoles, des maisons de retraite, des orphelinats ... elles continueront à œuvrer pour la promotion sociale. Pendant ces années, le Père Brisson, devenu chanoine honoraire de la cathédrale de Troyes, s’éteint dans son village natal le 2 février 1908, à l’âge de 90 ans.

 

 

Et Grasse dans cette histoire ?...

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Monseigneur Henri Chapon, évêque du diocèse de Nice -Photo internet

Les interventions de l'évêque de Nice

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Les nouvelles lois de séparation de l'Église et de l'État du "petit père Combes vont entraîner l'exil en Italie, Espagne, Belgique ou Royaume Uni des religieux et des religieuses expulsés de France puisque toutes les congrégations religieuses deviennent interdites y compris dans l'enseignement. L'évêque du diocèse de Nice, Monseigneur Henri Chapon (1845-1925) opposé à l'application de ces lois qui avait déjà organisé dès 1902 une pétition auprès de ses pairs pour s'opposer à cette séparation, ne cesse d'oeuvrer régulièrement pour le retour des congrégations religieuses sur le territoire français. Plus encore, à maintes reprises il intervient auprès de ses amis les fondateurs de l'ordre des Oblats et des Oblates de Saint François de Sales pour obtenir une de leurs oeuvres dans son diocèse. Il écrit par exemple à ce propos en mars 1909 dans un courrier adressé aux soeurs Oblates : "Je suis impatient de régler cette affaire qui me tient très à coeur et qui est dans les dessins et la volonté de Dieu..." (document des Soeurs Oblates avec leur autorisation). 

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Photo wikipedia

Pour appuyer sa demande, Monseigneur Chapon sollicite même la bénédiction apostolique de Pie X !  : "...J'ai été heureux l'autre jour à Rome de solliciter sur votre congrégation et votre oeuvre, la bénédiction de notre aimé et saint Pie X..." écrit l'évêque dans un courrier adressé aux soeurs Oblates ce que le pape confirme dans une note d'audience manuscrite  destinée aux soeurs Oblates et datée du 17 mai 1913 : "Je vous bénis, Je bénis votre Institut, vos oeuvres et tout ce que vous avez dans l'esprit et dans le coeur. Que cette bénédiction soit pour vous source de grâce et de consolation ainsi que pour toutes vos oeuvres et tout ce dont vous vous occupez" signé Pie X aux soeurs Oblates. (document des Soeurs Oblates avec leur autorisation)

 

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Et la réponse de Mère Françoise de Sales reste constante :
  « …C’est avec un profond regret que nous nous trouvons obligées par les circonstance de ne pouvoir accepter l’offre si obligeante … »

 

 

Et en même temps...

Les interventions d'un certain Léon Harmel

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Léon Harmel (1829-1915), riche industriel dont les usines de filature sont installées au Val-des-Bois dans la Marne est un patron chrétien dans le respect de la doctrine de l'Église. Lui aussi est ami de l'abbé Louis Brisson et de Léonie Françoise de Sales Aviat, la Mère supérieure des soeurs Oblates. Il connait et il apprécie l'esprit de la congrégation. Installé à Nice dans les dernières années de sa vie il écrit à la Mère supérieure en 1912 cette lettre : "...Je rentre de Grasse où j’ai passé la journée chez mes petits-enfants. J’ai marié un de mes petits fils, Charles Harmel, avec Mademoiselle Goby. Charles est dans les affaires de son beau-père, la parfumerie. Il apporte dans cette ville les idées du Val-des-Bois et il désire beaucoup la sanctification des ouvriers et surtout des ouvrières …Il y a là un bien immense à faire ... ". Et il termine sa lettre par ces mots : "...Il s’agit ici d’une œuvre de régénération chrétienne de la plus haute importance. Nul doute que le cœur de Notre Seigneur ne gémisse de l’abandon où se trouvent ces populations relativement faciles à ramener …"

 

Document interne des soeurs Olbiates
Photos internet

 

Tout comme Léon Harmel de nombreuses personnalités de la région de Grasse interviennent auprès la Mère Léonie Aviat pour qu'elle donne une suite à cette demande ....

 

Documents Soeurs Oblates

 

 

Première étape : L'école Sainte-Marie

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Au moment de l'entrée dans la Grande Guerre, la France évidemment préoccupée par la situation internationale, se calme sur les conséquences de la loi de 1905 qui avait supprimé des charges de l'Etat, la responsabilité des affaires cultuelles (salaires des prêtres et religieux, entretien des lieux de culte....). La laïcité demeure la règle en France mais les congrégations religieuses expulsées sont maintenant autorisées à réintégrer le pays et à y oeuvrer comme par le passé. Les soeurs Oblates, comme les autres congrégations ont donc repris leur place dans la société.

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C'est donc au printemps 1913 que la situation change. La directrice de l’école libre
  « Sainte Marie », tenue par l’Association des Œuvres Scolaires de Grasse et située dans la place Sainte-Marthe vient à manquer. Pour répondre à la demande de l'évêque Nice et en anticipant quelque peu les tolérances à l'encontre des congrégations religieuses, Mère Françoise visite les lieux en avril et mai 1913 et discute les conditions avec le Comité de l’Association des Œuvres Scolaires de Grasse.  

 

Photo André Raspati

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Les ruelles étroites, la minuscule placette Sainte Marthe, l’entrée de l’école et le logement,
tout paraît sombre aux yeux de la Fondatrice. Mais elle est conquise par la vue magnifique      qu’on a sur tout le vallon. Le moment providentiel semble être venu de suivre l’Agneau dans « sa Ville »...

 

 

 Enfin, après de multiples négociations des conditions, Mère Françoise de Sales Aviat décide de confier à trois soeurs Oblates la prise en charge de cette toute petite école qui se trouve donc à Grasse du côté de la minuscule rue Charles Nègre et de la tout aussi minuscule place Sainte-Marthe, l'école Sainte-Marie. Le 25 septembre 1913, trois religieuses en civil s’installent sans bruit à l’école Sainte Marie et en prennent possession : Soeur Françoise-Gabrielle Baude, Sœur Claire de Sales Couturier et Sœur Marie-Victor le Gallic.

C'est le tout début des oeuvres oblates à Grasse.

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Bien que les murs aient été blanchis, le logement reste entièrement pauvre, à la grande joie des religieuses. Il n’y a même pas de serrures pour fermer les portes correctement. Mais que pourrait-on leur voler ? Il n’y a que des courants d’air disaient-elles !...

Rien n’est facile pour cette rentrée 1913 et les trois « arrivantes » doivent user de toute leur diplomatie vis-à-vis des 2 maîtresses de l’ancienne équipe restant sur place.  « Il faut donc les ménager et aller doucement et encore plus doucement … » écrit Mademoiselle Baude le 28 septembre 1913.

 

Photos Soeurs Oblates

 

La classe commence le mercredi 1er octobre 1913. Il n’y a, à part les petits de la garderie,
que 2 à 5 élèves par niveau qui se présentent. Mais où sont les autres…? A la cueillette...! Les enfants sont répartis en 4 classes ainsi que la garderie des petits.
L’année scolaire dure du 1er octobre au 31 juillet. Pendant les vacances d’été une garderie est assurée. Une journée à Sainte Marie : 7 h : garderie // 8 h : classe
  11 h : sortie pour celles de la ville ou catéchisme (1 à 2 fois par semaine)
  12 h : repas (apporté ou soupe à 0.10 Fr. pour celles qui viennent de loin)
  13 h : classe // 16 h : sortie ou garderie jusqu’à 19 heures. 

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​​​​​​Les 3 religieuses, institutrices chevronnées, ont bien du mal à remonter la petite école. Ce n’est pas facile d’enseigner dans une salle qui donne sur la terrasse couverte où les petits s’amusent bruyamment. Mais elles y trouvent beaucoup de bonne volonté ! Pour les distinguer des autres institutrices, les enfants nomment les Sœurs « maîtresses noires »
car elles sont toutes habillées en noir. Les Sœurs trouvent un soutien fraternel auprès
 des Visitandines voisines offrant des dons en nature venant de leur grand jardin. Le Père Martin, Oblat de Saint François de Sales et aumônier de la Visitation, les met en relation avec des bienfaitrices importantes.

 

Le couvent des visitandines - Photos André Raspati

 

Un cadeau arrive le 17 juin 1914 : Soeur Jeanne-Charlotte qui sera Mademoiselle Renaud à l'école pour les tous petits.

 

 

Mademoiselle Gonnelle, grande bienfaitrice de multiples œuvres sociales à Grasse
et dans l’arrière pays, propose dès 1919 ses jardins pour créer le patronage « Sainte Thérèse ». Plus tard, il sera déplacé Rue des Roses. 

 

Photos soeurs Oblates - Le jardin de Mademoiselle Gonnelle

 

 

Deuxième étape : le Foyer Saint-Antoine

 

En 1920 les choses prennent une toute autre dimension pour les soeurs Oblates de Grasse. Voyant le bien opéré par les religieuses, Madame Roubaud–Pilar, héritière des parfumeurs Pilar dont l'affaire a été vendu aux Chiris, veut mettre sa maison paternelle, 3 avenue Chiris, à disposition des soeurs pour en faire une« Maison de Famille » pour les ouvrières. Mais la maison mère ne se décide pas à prendre en charge cette demeure. Et comme la réponse de la Maison Mère tarde, la bienfaitrice insiste. Elle achète même la maison du 6 Boulevard Gambetta, de son amie, Mlle Chauve pour l'ajouter au legs. Finalement, au lieu d’une maison, il y en aura 2 ! Enfin le don est accepté.

 

En bleu le legs Pilar et en rouge la parfumerie Pilar
Photos internet

 

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Ce legs important à la congrégation permet aux sœurs Oblates de prendre possession à Grasse en fait de deux maisons juxtaposées qui vont leur permettre d'intervenir dans les oeuvres sociales de la ville. L'une, située après le pont de la Roque vers la fin du boulevard Gambetta et avant la Porte Neuve qui deviendra une maison de famille et un foyer d'accueil de jeunes filles pour le personnel saisonnier de la parfumerie ou d'autres entreprises comme par exemple la confection Mercier. 

 

Photos André Raspati

 

L'autre immeuble qui faisait partie du legs aux sœurs Oblates, est à l'arrière de la Maison Saint-Antoine et se situe dans la descente de l'avenue Chiris petite rue empruntée à cette époque par de très nombreux salariés de la parfumerie, Chiris, Roure, Lautier, Bertrand Frères... Cette maison deviendra une maison de retraite, de convalescence et surtout un hospice qui avait une place importante dans la cité. Les sœurs Oblates en assuraient la gestion. Les deux bâtiments seront reliés par une cour intérieure. Les travaux terminés, les sœurs s’installent en 1920, accueillant une vingtaine de pensionnaires dans la Maison de Famille « Saint Antoine ».

 

 

 

 

Monseigneur Chapon, l'évêque du diocèse de Nice vient bénir cette nouvelle œuvre le 25 octobre 1920. Dans son allocution il s’exclame : "Des femmes de devoir, des femmes de dévouement, en un mot des femmes chrétiennes. Voilà ce qu’on s’efforcera de faire, dans cette maison, des jeunes filles qui y viendront."  La pension Saint Antoine accueille aussi bien les petites pensionnaires de l’école Sainte-Marie que les jeunes filles, employées des parfumeries et d'autres usines.

 

 

 

​​​​​​Très vite, les sœurs organisent la vie au fil des jours  dans une atmosphère familiale : détente, peinture, saynètes, études et devoirs surveillés...

 

Photos Soeurs Oblates

 

Le patronage, la Fédération des Mimosas, les Cadettes du Christ, la Croisade Eucharistique … tous ces mouvements aiment se retrouver à Saint Antoine. Avec leurs bannières, elles participent aux différentes manifestations, notamment à la procession à Notre Dame de Valcluse, le 8 septembre...

 

Photos Soeurs Oblates
Les excursions dans la région tout au long de l’année resteront inoubliables. Photos Soeurs Oblates
La distribution des prix à la fin de l’année scolaire permet aux petites et grandes de montrer leur talent 
d’actrice
La Pastorale de Noël - Photos Soeurs Oblates
La première communion - Après la messe, les Soeurs servent un bon petit déjeuner dans la cour intérieure

 

1930

Le nombre des pensionnaires augmentait constamment. Mais où les loger ?
Déjà l'hospice a été transféré au Petit Paris ce qui a donné un peu de place au foyer féminin. La « Villa Demont » à quelques pas de Saint Antoine, présente aussi une belle opportunité pour constituer une annexe. Et tout ce petit monde est heureux.

"Bien qu’au milieu de la ville, grâce au grand parc, on se croyait à la campagne. Sous l’œil vigilant de Mademoiselle Emilie, poules, lapins et une vingtaine de pensionnaires trouvaient un havre de paix."

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Le 19 juin 1934 Mlle Baude écrivait : "Nous venons d’avoir à Grasse une semaine dite commerciale. Je ne sais si les commerçants seront très satisfaits. En tout cas il y a eu du bruit et du tapage avec les déguisements et jeux arabes. (C’était la fête arabe, disait-on.) Gens, magasins, rues étaient en l’arabe. On ne sait qu’inventer à présent ..."

 

 

1944

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En août 1944, les troupes allemandes, battant en retraite vers l’Italie, détruisent entre-autre le pont de la Roque. Le pont est reconstruit mais le niveau de la chaussée a été surélevé. L’entrée Boulevard Gambetta a dû être aménagée.

 

Photos Soeurs Oblates

 

 

 

"Le dimanche 20 février 1955 Monsieur le Curé Villebenoit bénit la nouvelle statue de Notre Dame du Sacré Cœur. Elle sera scellée dans la niche au-dessus de l’entrée, boulevard Gambetta, en remerciement de la protection pendant la guerre et pour mettre la Maison St Antoine sous la garde toute-puissante de la Vierge Marie." Document des soeurs Oblates.

 

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Petit à petit le foyer qui accueillait les pensionnaires de leur école et les jeunes filles employées dans les parfumeries ou dans quelques autres entreprises grassoises, se transforme dans les années 1960 en foyer féminin puis finalement en maison de retraite pour femmes.

 

Photos Soeurs Oblates

 

Tout se passe à merveille mais les soeurs ne peuvent plus tout assurer. Elles ne sont plus assez nombreuses et surtout, nous allons le voir ci-après elles auront à gérer la propriété du Mont-Ventoux qui devient leur priorité. En 2008, elles cessent de s'occuper du Foyer Féminin Saint-Antoine qu'elle cèdent à "Habitat et Humanisme" qui va le transformer après des travaux importants en "Maison Saint-Antoine". Et depuis 2014, le "Foyer Féminin Saint-Antoine" est devenu la "Maison Saint-Antoine".

"Nous rendons grâce pour tout le bien réalisé dans la Maison Saint Antoine jusqu’en 2008 et nous nous réjouissons que l’Association Habitat et Humanisme continue à œuvrer dans le même esprit de solidarité chrétienne en soutenant les plus démunis." déclaration des soeurs à leur départ du Foyer Saint-Antoine.

 

Photos des travaux dans la Maison Saint-Antoine en juillet 2013

 

"Habitat et Humanisme", un peu d’histoire...


Le projet Habitat et Humanisme a été fondé par Bernard Devert en 1985. Ancien promoteur immobilier dans la région lyonnaise, il est devenu prêtre en 1987. Depuis 29 ans, Habitat et Humanisme œuvre en faveur du logement et l’insertion des personnes en difficultés Le Mouvement s’est donné pour mission de : permettre l’accès à un logement décent à faible loyer, contribuer à la mixité sociale dans les villes en privilégiant les logements situés dans des « quartiers équilibrés », accompagner les personnes logées pour favoriser leur insertion durable. Habitat et Humanisme est présent dans 67 départements français et a permis de reloger plus de 17 500 familles en difficulté depuis sa création.

Un lieu ouvert sur la ville : Le programme immobilier de la Maison Saint Antoine comprend, 19 logements résidentiels du T1 au T3 répartis sur 2 immeubles réunis par un patio et une cours intérieure.
Le projet immobilier a été conçu pour accueillir une activité économique d’insertion. Un local, situé dans le patio, lui est réservé. Un projet est en cours d’étude, en partenariat avec une association locale, pour y créer une « ressourcerie », un atelier de récup et de restauration d’objets qui emploierait en contrat d’insertion des personnes éloignées de l’emploi. L’objectif est double : s’inscrire dans une démarche d’insertion globale et ouvrir la maison sur la Ville.   https://vimeo.com/113653557

 

 

 

Troisième étape : Le Mont-Ventoux

PETIT RETOUR EN ARRIERE

 

 

En 1935, voyant la fatigue et l’âge des Sœurs si dévouées, le Docteur généraliste Bossuet, ayant pris sa retraite et n'ayant pas d'enfants, met sa villa, le « Mont Ventoux » à disposition de la Congrégation des soeurs Oblates. A partir du 30 septembre 1935, elles y établissent un patronage puis un jardin d’enfants qui accueillera les petits grassois de 2 ans 1/2 à 6 ans pour leur détente et leur éducation scolaire mais aussi religieuse.

Déjà quelques années auparavant, le docteur Bossuet avait proposé aux Sœurs qui dirigeaient l'école Sainte-Marie, tout à l'étroit dans la cour de la Place Saint-Marthe, de profiter de sa campagne au boulevard Emile Zola pour y emmener les petits élèves le jeudi, jour de congé et pendant les vacances scolaires. Ils pouvaient ainsi profiter de l'espace, du bon air et du soleil pour leur plus grande joie.

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Cette propriété ne sera pas seulement destinée aux enfants, elle sera également un oasis de repos pour les sœurs  âgées ou fatiguées et un lieu d'accueil pour les prétendantes à la congrégation. Effectivement, quelques jeunes filles se joignent à la Communauté pour discerner leur vocation. Ainsi Mathilde Chèvre deviendra Soeur Jeanne-Gabrielle et Mademoiselle Hélène Brasey, Sœur Louise-Joseph. La vie commune faite d'écoute, d'attentions et d'entraide revêt une grande importance.

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Photos Soeurs Oblates

 

Habitant en face, le Dr Bossuet venait tous les jours dire son chapelet à l’oratoire et y voir sa station météo tandis que Madame Bossuet visitait ses poules. Certains se souviennent des Martin, les employés du Dr eBossuet, qui logeaient au Pavillon Saint Luc. Cette maison deviendra la « Garderie du Mont-Ventoux».

 

Photos Soeurs Oblates et André Raspati

 

Les premiers enfants arrivent dès 1936. Ils forment le « Petit Cours » et apprennent à lire et à écrire. Le nombre d’enfants augmentera chaque année, surtout à partir de 1947, date de la fermeture de l’école Sainte Marie. Le « Petit Cours » se transformera alors en « Garderie du Mont Ventoux». Pendant ce temps, les jeunes filles de Saint Antoine profitent du grand parc le dimanche. Dès 1938, on organise pendant les vacances d’été, les « Colonies scolaires » au Mont Ventoux .

 

Photos Soeurs Oblates et André Raspati

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Un cadre exceptionnel - Photos André Raspati

 

Combien de générations d'enfants Mademoiselle Renaud a t-elle aidés pour faire leurs premiers pas dans la vie !

 

Les générations et les spectacles de fin d’année se succèdent ... Photos Soeurs Oblates et André Raspati

Les Sœurs du Mont Ventoux préparent les enfants à une vie dans la chrétienté  avec le baptême, la première Communion,  la profession de foi. En 1963, la petite chapelle située sur la propriété a été agrandie. Les bâtiments scolaires sont trop petits, il faut en construire d'autres... et ils sont mis en conformité. Des chambres médicalisées sont aménagées pour les soeurs fatiguées ou malades... La présence des Sœurs anciennes dans la communauté permet une complicité entre les générations. Les enfants aiment écouter leurs histoires et confier à ces "mamies" leurs petits chagrin. Les parents trouvent en elles appui et conseil. La vie liturgique et spirituelle de la communauté crée des liens avec tous ceux qui viennent se ressourcer et prier avec les Sœurs.

 

Photos Soeurs Oblates et André Raspati

 

Présente sur la ville de Grasse depuis plus d’un siècle, la Communauté des Sœurs Oblates de St François de Sales continue son oeuvre pour l’accueil et l’éducation des petits grassois. Les Sœurs Oblates de Saint François de Sales poursuivent ainsi ce que leur fondatrice, sainte Léonie-Françoise de Sales Aviat, voulait faire et voir faire par ses filles :

«TRAVAILLONS A FAIRE LE BONHEUR DES AUTRES ! »

 

Documents Jean Napoli

 

Agréé depuis par le Conseil Général et soutenu par la Mairie de Grasse, le Jardin d’enfants du Mont-Ventoux est incontestablement un lieu familial propice à l’épanouissement des jeunes enfants

https://nice.catholique.fr/oblates-de-saint-francois-de-sales/

 

Document Jean Napoli

Je remercie très chaleureusement les Soeurs du Mont-Ventoux pour l'aide et les documents qu'elles ont eu l'extrême amabilité de me confier.

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Cela s'est passé à Grasse  en 1944 chez les soeurs du Mont Ventoux

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Soeur Françoise Elisabeth

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Communauté des religieuses du Mont Ventoux : mars 2001, avec le Père Luçon (aumonier) et Philippe Collet (diacre). La sœur avec les fleurs est Soeur Françoise Elisabeth, la « juste parmi les nations »

 

 

Documents exceptionnels confiés par Jean Napoli

 

 

 

 

§3 - LES ORATORIENS

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La fondation des Oratoriens

Cette congrégation religieuse fut fondée à Rome, en 1550, par saint Philippe de Néri, sous le nom de Confrérie de la Trinité. D'abord, elle fut destinée à secourir les pèlerins que la piété attirait alors à la Ville-Éternelle, puis elle se consacra à l'éducation et la formation des enfants et de la jeunesse. Le nombre de ses religieux s'accrut et leur siège principal fut Rome, où était leur église de Notre-Dame de la Valicella, dite "Chiesa Nuova".

 

Philippe de Neri et les oeuvres de jeunesse

 

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Les Oratoriens en France

La congrégation religieuse catholique française des Oratoriens, issue de la Confrérie de La Trinité de Rome et connue sous le nom de la congrégation de l'Oratoire de Jésus ou Oratoire de France, a été fondée en 1611 par Pierre de Bérulle, et approuvée par le pape Paul V en 1614.

 

Photo internet : Pierre de Bérulle

 

Les Pères de l'Oratoire vivaient en communauté sans faire de vœu particulier. Installés d'abord rue Saint-Jacques à Paris, et plus tard dans l'église de l'Oratoire (rue Saint-Honoré), les oratoriens s'étaient spécialisés dans l'enseignement secondaire. Leur pédagogie plus moderne en fit les concurrents des jésuites. Aussi, après l'expulsion des jésuites de France en 1764, les oratoriens bénéficient d'un quasi monopole sur l'enseignement secondaire. Beaucoup de dirigeants révolutionnaires de 1789, furent d'ailleurs des élèves des oratoriens (Robespierre, Fouché...entre autres). Mais ils perdent le droit d'enseigner pendant la Révolution de 1789. Ils n'ont été rétablis dans cette fonction qu'en 1854, avec l'abbé Pététot, sous le titre de l'Immaculée-Conception. 

 

Photo internet : Ancienne bibliothèque du collège Oratorien de la Trinité à Lyon

 

http://patrimoine-de-france.com/alpes-maritimes/grasse/eglise-de-l-oratoire-8.php

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Établissement des Oratoriens à Grasse en 1628

 

De nouveaux ordres se sont établis à Grasse au XVIIe siècle : les Capucins (1615), les Oratoriens (1628). En 1634, les Visitandines ont remplacé à Grasse "les Ursulines" qui ne pouvaient plus subsister à cause de leur pauvreté".  Les Pères de l'Oratoire vinrent donc s'établir à Grasse. Après avoir acheté en 1640 aux moines de Lérins une petite église et une maison que ces derniers y possédaient et étant convenu que si les Oratoriens venaient à quitter Grasse, les moines de Lérins auraient le droit de récupérer leur bien. Les voici donc installés avec la population grassoise. L'installation de ces religieux se fit néanmoins dans de bien minces conditions ; car leur achat se composait de l'église, au-dessus de laquelle était une cuisine et deux chambres.

 

 

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C'est Jean de Grasse-Cabris, né vers 1600 à Grasse, fils de César seigneur de Cabris et de Marthe de Barras qui a autorisé, du point de vue religieux, les Oratoriens à s'installer à Grasse en 1628. Abbé du Thoronet, Jean de Grasse-Cabris devient conseiller d'État et est nommé vicaire apostolique d'Antibes et reçoit l'évêché de Grasse du roi Louis XIII. Il en perçoit les revenus pendant 6 ans, bien qu'il ne soit ni évêque, ni même prêtre mais seulement sous-diacre et docteur en droit canon. Il assiste comme un évêque à l'Assemblée du clergé de 1628 et se démet de son siège en 1630. http://wikipedia

Les prêtres de l'Oratoire furent établis administrativement, en 1631, par messire Louis de Lombard de Gourdon, lieutenant du sénéchal de la ville. Une délibération du Conseil de la communauté leur alloua en 1632 une somme de 1500 livres, pour leur permettre de faire l'acquisition d'un terrain destiné à recevoir les constructions de leur couvent et de leur église.

Mais le 23 février 1640, moyennant 3.600 livres, ils achètent à l'abbaye de Lérins, l'église Saint-Honorat (l'Oratoire) et un bâtiment attenant qui servira de couvent. Ce couvent bénéficia de nombreuses donations et revenus. Par exemple en 1705, le manuel du supérieur signale 1340 messes célébrées dans l'église de l'Oratoire.

 

Le quartier des Oratoriens à Grasse

 

La famille des Lombard, aida considérablement l'installation des Pères de l'Oratoire : elle leur donna une campagne et la maison spacieuse qu'ils ont possédée jusqu'à la Révolution. Scipion de Villeneuve, évêque de Grasse, procura aussi aux Pères de l'Oratoire l'achat d'une maison avec jardin, que possédait Mme de Rogoton au bout du Cours. Les Oratoriens ont joui de cette habitation jusqu'en 1640.

 

La chapelle des Oratoriens à Grasse au XXe siècle
L'entrée de l'ancien jardin et couvent des Oratoriens

 

Les oratoriens et l'enseignement à Grasse

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En 1710, Monseigneur de Verjus, évêque de Grasse, fonde pour les Oratoriens un séminaire, qui commença avec 13 pensionnaires. Pour l'entretien de cet établissement, Ie chapitre et Ie clergé du diocèse devaient payer une pension de 400 livres, qui fut bientôt remplacée par des dons gratuits. Mais, en 1715, Mgr de Mesgrigny, successeur de Monseigneur Verjus, ne voulut pas reconnaitre les Oratoriens comme directeurs de son séminaire et ce privilège leur fut enlevé.

 

 

 

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Les Oratoriens condamnés à disparaître

 

Les Oratoriens ont réussi à diriger à Grasse ce séminaire pendant quelques années mais cela fut de courte durée. En effet, tout ne se passait pas bien avec Monseigneur de Mesgrigny, évêque de Grasse successeur de Monseigneur de Verjus. Il accusait les Oratoriens de jansénisme en 1715. Il les interdit, leur retira la direction du séminaire, leur enleva les "Quarante Heures", qui étaient établies dans leur église, et leur défendit même de prêcher. 

"Les Quarante-Heures, ou Prières des Quarante-Heures, était une cérémonie célébrée dans l'Eglise catholique. Il s'agissait d'une forme de prière prolongée et d'adoration eucharistique continue. Elle avait lieu le plus souvent et par tradition juste avant l’ouverture du Carême mais elle pouvait aussi avoir lieu à d’autres moments. Une messe d'exposition et une messe de déposition du Saint-Sacrement en marquaient le début et la fin. Dans l'intervalle, les fidèles se relayaient devant le Saint-Sacrement qui restait exposé sur le maître-autel. Il était requis que deux personnes au moins soient présentes à tout moment.La pratique était renouvelée avec une certaine fréquence, par exemple une fois par trimestre."   https://fr.wikipedia.org/wiki/Quarante-Heures

En 1716, Monseigneur de Mesgrigny, s'opposa bien entendu à la délibération de la communauté grassoise, qui souhaitait l'établissement d'un collège à Grasse en faveur des Pères de l'Oratoire. Cette prise de position créa un très mauvais climat dans la ville entre la population, le clergé et les bourgeois en particulier.  Dans cette situation, les Oratoriens capitulent et ne donneront pas suite à leur projet de collège.

 

 

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Les oratoriens disparaissent de Grasse

La majeure partie du couvent des Oratoriens a été mise en vente sous la Révolution et marquera la fin des Oratoriens à Grasse. La chapelle du couvent ainsi que la sacristie avaient pu conserver leur attribution d'origine tandis que les parties restantes ont été vendues en plusieurs lots. Jean Honoré Templier acquiert le lot comprenant la cour du couvent, autrefois cultivée en jardin, et dans laquelle se trouvait jusqu'à une période assez récente (deuxième moitié 20e siècle - photo ci-dessous) un réservoir d'eau. Le nouveau propriétaire destine assez rapidement les parties basses de son bien à un usage commercial. Avant même l'installation de la fabrique de parfumerie Méro en 1832, le site avait accueilli une tannerie, un four à pain et une chapellerie. Joseph Donat Méro, pharmacien associé à Joseph Clément Currault loue dans un premier temps le rez-de-chaussée et les caves d'un immeuble et la cour. Le site qui présente déjà des signes de vétusté (des fourneaux en partie détruits) est rénové par les locataires. La société de parfumerie de M. Méro demeure dans ces locaux pendant vingt cinq ans (1836 à 1861). La petite fabrique s'est progressivement étendue aux étages supérieurs de l'immeuble et dans la cour, avec la construction d'un local. Une certaine exigüité ainsi que des problèmes de détérioration due à l'humidité dégagée par les résidus de distillation, expliquent le changement de site de production. En 1860, J. D. Méro fera bâtir une nouvelle usine. La petite fabrique de la rue de l'Oratoire a ensuite été louée simultanément au parfumeur M. Audibert et au confiseur M. Keunig, puis au début des années 1880 à la société de parfumerie Isnard et Maubert. Le site semble perdre tout lien avec la parfumerie et plus généralement avec une activité industrielle, au début du 20e siècle. Le bâtiment situé dans la cour, qui a connu d'importantes transformations, a été aménagé en salle de cinéma dans la seconde moitié du 20e siècle, le Club. Depuis quelques années, la Ville de Grasse y a installé l'Espace Projets devenu ensuite la Maison du Patrimoine, qui réuni divers services municipaux intéressés par les questions de Patrimoine et de rénovation urbaine.   https://dossiersinventaire.maregionsud.fr

 

Mais de toutes façons, au moment de la révolution de 1789, le déclin des couvents d'hommes était patent avec des effectifs très faibles et des vocations en forte baisse. A Grasse on trouvait par exemple et seulement : quatre Dominicains, trois Augustins, quatre Cordeliers, deux Oratoriens et huit Capucins. 

 

 

 

 

Église de l'Oratoire

L'église de l'Oratoire est un des monuments les plus anciens de la ville de Grasse ; elle occupe encore aujourd'hui une des plus belles positions du pays. C'est dans cette église qu'un sacrilège inouï fut commis en 1192, sous Raymond II de Grimaldi, évêque d'Antibes. Des scélérats arrivèrent, y entrèrent pendant la nuit, y brisèrent la pierre du grand autel en mille morceaux et profanèrent le reste. Appelée à l'origine Sainte-Marie de Grasse, elle fut donnée, en 1708, aux moines de Lérins et prit alors le nom de Saint-Honorat, leur fondateur. Elle sera rachetée par les Oratoriens qui seront chassés par la révolution.

En 1790, le domaine des Oratoriens a été "occupé" ; l'église servit de club, puis de comité révolutionnaire ; elle devint successivement temple décadaire (voir ci-dessous) et salle de spectacle. Comme elle provenait d'un corps enseignant, le gouvernement la céda plus tard à l'Université ; mais la piété des fidèles la rendit enfin à sa destination première. Le culte s'y exerce aujourd'hui comme église de secours.

Le Temple décadaire était le lieu de réunion du culte décadaire. Le culte décadaire désigne un ensemble de célébrations effectuées chaque décadi, dixième et dernier jour de la décade dans le calendrier républicain. Et effectivement, d'anciennes églises ont été reconverties dans ces cultes républicains avant de revenir à leur religion d'origine ou à d'autres utilisations quand elles n'ont pas été détruites ou transformées. 

Source : "Histoire civile & religieuse d'Antibes" par Alexander Aubert 1869.

 

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Lors des travaux de la démolition de l'ancienne chapelle des Cordeliers (détruite pour construire le commerce Monoprix), la porte et la fenêtre gothique ont heureusement été préservées et intégrées à la chapelle de l'Oratoire. Il s'agit d'un sauvetage miraculeux qui a permis de conserver l'esprit des Cordeliers à Grasse. 

 

 

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§4 - LES AUGUSTINS

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Saint Augustin

Saint Augustin est né à Tagaste, dans l’actuelle Algérie, en 354, d’une mère chrétienne, sainte Monique et d’un père païen. Doué d’une intelligence éblouissante et soulevé par un ardent désir d’aimer, il commence par faire ses études à Carthage, capitale de l’Afrique romaine, où il mène une vie dissipée.

Il est saisi à 33 ans par la beauté de la Vérité et reçoit le baptême de Saint Ambroise, à Milan où il enseignait la rhétorique. Revenu en Afrique pour y mener la vie monastique, il est, contre son gré, choisi pour devenir évêque d’Hippone en 396. Il meurt en 430, alors que les Vandales assiègent sa ville épiscopale. C’est là qu’il écrit ses célèbres « Confessions » relatant son itinéraire spirituel. Il nous laisse une œuvre considérable qui fait de lui l’un des plus grands des Pères de l’Eglise et, particulièrement, le Docteur de la Charité et de la grâce.

 

La Règle de Saint Augustin

Rédigée vers 397, sa « Regula » est la première règle monastique occidentale (saint Benoît, quelque 130 ans plus tard, la citera 12 fois dans la sienne). Elle insiste particulièrement sur la charité théologale et fraternelle : « Avant tout, très chers frères, aimez Dieu, aimons le prochain ». Le moyen que saint Augustin privilégie pour y parvenir est de vivre la pauvreté par la mise en commun des biens (matériels, humains, spirituels…).

Vivre la Règle de Saint Augustin était un vrai défi. Dans une société où règne l’individualisme, Saint Augustin venait exhorter les populations : « C’est dans la mesure où vous prendrez plus soin des affaires de la communauté que de vos affaires personnelles, que vous connaîtrez vos plus sensibles progrès. » Courte, sage et très souple dans ses applications, elle a été adoptée par près de 300 Ordres et congrégations comme les Dominicains (saint Dominique était Chanoine Régulier), les Jésuites et tous les Chanoines Réguliers. Méditée et vécue depuis 1600 ans, par des milliers d’hommes et de femmes dans le monde entier et des conditions de vie très diverses, la Règle de Saint Augustin est d’une universalité exceptionnelle.

http://soeursdazille.com/la-vie-canoniale/saint-augustin-regle-de-saint-augustin/

 

Les Augustins à Grasse

d'après Joseph Farnarier

L'origine de la présence à Grasse des Augustins daterait du milieu du XIIIe siècle (1256). Il s'agirait à ce moment là d'une petite chapelle construite dans un jardin de Grasse hors les murs. En 1259, le pape Alexandre IV demande à l'évêque de Grasse d'écouter les Augustins qui souhaitaient leur église à l'intérieur des remparts. Ce fut Béatrice de Savoie, comtesse de Provence qui leur fit don d'un couvent intra muros en 1286. Pour subvenir à leurs besoins, les Augustins possèderont en outre quelques terrains au quartier des Moulières d'autres à Malbosc et des parties basses du couvent ainsi qu'une petite maison intégrée au couvent qui seront louées.

Au début du XVIIe siècle, des travaux d'élargissement des fortifications de la cité obligeront les Augustins à s'installer dans un nouveau couvent construit par la ville de Grasse  en 1613, le leur étant placé sur le nouveau tracé des remparts et rempli de terre (!!!). Monseigneur de Mesgrigny consacra ce nouveau couvent le 20 décembre 1716, un siècle plus tard.

Mais les vocations manquent ; il y a de moins en moins de moines dans le couvent. En 1768, Monseigneur de Prugnière signale que les Augustins n'étaient plus que quatre dans un couvent prévu pour cinquante. Les bâtiments seront donc fermés sur décision de l'évêché puis vendus aux enchères à un certain Monsieur Laugier le 6 avril 1792 qui y installera ses ateliers de parfumerie. Puis on les retrouve en 1820 transformés en théâtre municipal entourés de divers magasins et même d'un hôtel restaurant. La magnifique salle de théâtre deviendra un cinéma, le Rex, qui était encore en activité dans les années 1960. Il fermera à son tour pour être remplacé par une succursale de banque, le Crédit Agricole. 

 

 

Le théâtre a remplacé le couvent des Augustin

 

 

 

 

§5- LES VISITANDINES

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La congrégation de la Visitation de Marie est créée en 1610 par François de Sales et Jeanne de Chantal, à Annecy. Il s'agit d'un ordre contemplatif qui s'adonne à l'enseignement et à la bienfaisance.

Histoire de l’Ordre des Visitandines

C’est effectivement sur les bords du lac d’Annecy, petite cité du Duché de Savoie et résidence des évêques de Genève en exil, que naît l’Ordre de la Visitation. 

La visite de la Vierge Marie à sa cousine Elizabeth

En 1604, Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Chantal, jeune veuve de 28 ans et mère de quatre enfants, rencontre l'évêque de Genève François de Sales. Entre eux, va s'établir une grande amitié spirituelle, qui va la pousser à venir s'installer près de lui à Annecy. Jeanne de Chantal, sous la direction spirituelle de François de Sales, accepte de diriger un groupe que celui-ci voulait apostolique comme lors de l'épisode évangélique de la Visitation, où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en va aider sa cousine Elizabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste.

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Et c'est le jour de la Pentecôte 1607 que François de Sales confie à Jeanne de Chantal 

"La Petite Maison de la Galerie" à Nantes

son projet donc de fonder avec elle un nouvel institut de vie religieuse  "la Visitation Sainte Marie". Le 6 juin 1610, Saint-François de Sales installe dans la petite « Maison de la Galerie » Sainte-Jeanne de Chantal accompagnée de Marie-Jacqueline Favre et de Jeanne-Charlotte de Bréchard auxquelles s’adjoint Anne-Jacqueline Coste, les toutes premières "visitandines".

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Dans ces commencements, le Maître des Novices des premières Visitandines n’est autre que Saint-François de Sales lui-même : il les instruit des vertus de la vie religieuse telle qu’il l’envisage, ces enseignements sont réunis dans son livre "Les Entretiens".

 

Photo de droite : La Remise des "Constitutions", les règles de l'ordre et en haut à gauche "les entretiens"

L'ordre des Visitandines sera un ordre cloîtré

La vie contemplative est en fait la fin primordiale de son petit institut, il prescrit à ses filles « que toute leur vie et exercices soient pour s’unir avec Dieu ». A cet objectif essentiel, les religieuses auraient comme tâche principale de visiter malades et pauvres et de les réconforter (d'où leur nom de Visitandines).

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Devant l'affluence des vocations, différents monastères accueilleront les visitandines. Tout d'abord ce sera à Lyon en 1615 puis ce fut le tour de Grenoble en 1616, à Moulins en 1621 à Nantes en 1630 et en 1641, à la mort de sainte Jeanne de Chantal il y avait ainsi 87 monastères de visitandines. A la révolution de 1789 il y en avait 120 ; ils furent tous supprimés. Hors de France, il y en avait une trentaine, répartis entre l’Italie, l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, la Pologne, l’Espagne, le Portugal et le Liban.

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En 1808, 19 monastères sont rétablis en France avec chacun un pensionnat. A la fin du XIXème siècle,  on atteint le chiffre de 64  ; 24 ont été fondés hors d’Europe. Aujourd’hui en 2018,  il y a 153 Monastères de la Visitation sur 4 continents.

D'après : http://visitation-nantes.fr/histoire/

&  https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_la_Visitation

 

1679 -Le premier monastère de la Visitation de Nantes

 

Les Visitandines à Grasse

 

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Document Jean Napoli

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Les fiches de la Maison du PATRIMOINE avec son aimable autorisation

 

Les lavoirs extérieurs du couvent de la Visitation

 

Une des soeurs Visitandines avec Jean-Marie Rouvier responsable à cette époque de l'entretien de la propriété de la Visitation

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C'est le 16 octobre 1634, sous le règne de Louis XIII le Juste, que les soeurs Visitandines s'installent à Grasse et sont accueillies avec beaucoup d'éclat et des processions grandioses par l'Evêque d'alors, Scipion de Villeneuve qui les avait appelées à venir à Grasse. Il s'agit de cinq professeures d'Annecy, Troyes et Marseille qui arrivent d'Aix. Elles habitent tout d'abord dans la maison de la sacristie puis en 1636 elles occupent le couvent des Ursulines rejoignant ainsi les dernières soeurs de cet ordre avec lesquelles elles signent une convention pour régler l'occupation de leur couvent. Les Ursulines sont installées à Grasse depuis 1306. Elles tenaient un pensionnat gratuit de jeunes filles entre la place de la Roque et la Porte Neuve. Elles n'arrivent plus à subvenir à leurs besoins financiers et ne suscitent plus de nouvelles vocations. Ce partage de couvent s'effectuera sous la protection du nouvel évêque, Monseigneur Boucicaut dans les meilleures conditions.

 C'est ainsi que s'installent donc dans le couvent des Ursulines "vingt-quatre religieuses visitandines, une novice, et deux soeurs converses" qui pour leur part, s'occupent des différents travaux de la congrégation. Cette communauté s'accroit alors de nouvelles recrues issues des familles de la région. Ce fut donc une installation des plus réussies. La réputation du pensionnat n'en fut que plus grande et le nombre de nouvelles vocations de plus en plus important. Tant et si bien que les locaux du couvent des Ursulines s'avèrent rapidement trop petit. Il faudra envisager un agrandissement des locaux. "En 1659, grâce à leurs dots, la Mère Supérieure Marthe-Angélique de Durand Sartoux et Soeur Françoise-Madeleine Bompar achètent un terrain entre le rempart et la rue Tracastel pour pouvoir y édifier couvent et Chapelle. En 1965, deux ailes d'un nouveau monastère  seront construites"

D'après un document ancien : Inventaire sommaire des Archives hospitalières antérieures à 1792

 

De 1665 à 1671, la Mère supérieure de l'époque s'affaire à la finition du monastère (qui deviendra au XXe siècle le pensionnat Jeanne d'Arc) et à la construction de la merveilleuse petite chapelle de Saint-Thomas à côté du monastère. Et nous pourrions dire en termes modernes que les affaires de la congrégation des Visitandines sont tout à fait florissantes et le recrutement des élèves et des soeurs s'effectuent même dans les meilleures familles de la région.

Le XIXe siècle fut assez difficile pour la communauté des Visitandines. Une mauvaise gestion passagère fut tant bien que mal redressée mais elle continue à avoir "le vent en poupe".  "Monseigneur de Prunières, dernier évêque de Grasse ne cessait de s'enorgueillir auprès de la cour de Louis XV de la tenue des plus vertueuses des Capucins et des Visitantides dans sa ville contrairement aux autres congrégations". D'après l'ouvrage "L'Eglise de Grasse de Gilles Bouis et Jean-Louis Gazzaniga.

 

Caricature à l’effigie de la vente des biens nationaux « Le déménagement du Clergé. J’ai perdu mes bénéfices, rien n’égale ma douleur »

 

En 1790, l'Assemblée Nationale abolissait les ordres religieux, le couvent est fermé comme tous les couvents et les soeurs seront éloignées de Grasse. Et en 1791, la communauté des Visitandines, tout comme les autres congrégations, seront supprimées. Certaines soeurs retournent à la vie apparemment civile dans leurs familles, d'autres s'éloignent à San Remo et même jusqu'à Rome où les Visitandines de la capitale italienne les accueillent malgré tout dans leurs groupe. La municipalité s'approprie en 1792 la chapelle du couvent et la choisit à la suite d'une demande du district révolutionnaire pour recevoir les objets précieux en provenance des autres églises (croix, chandeliers, calices, ciboires, encensoirs, reliquaires...) devant partir pour la fonte à Toulon. On y installe en même temps dans les jardins du couvent, un atelier pour la fabrication du salpêtre nécessaire à l'armée républicaine. (d'après Joseph Farnarier) En 1798, le monastère sera vendu comme bien national. Une partie sera revendu pour installer une parfumerie.

 

Abolition des ordres religieux. Décret du 13 février 1790 -BNF

 

Chassées par la Révolution, les soeurs visitandines se regroupent et reviennent en 1807 à Grasse. Elles résident «provisoirement » et tant bien que mal dans le bâtiment de l'ancien petit séminaire, au bas de la rue Tracastel faute de ne pouvoir racheter leur église. Mais ce bâtiment manquait de place sans cour et sans jardin. en 1818, elles achètent un terrain où sur lequel se trouvaient deux maisons où était installée une parfumerie, rue du Saut (en dessous de la Place Neuve de l'époque). Deux ans plus tard, en 1820, elles y font construire un cloître, une nouvelle chapelle, aménager des jardins, planter un potager et des vignes. Ce bâtiment comprendra cloître, cellules des religieuses, dortoir du noviciat, réfectoire, chapelle, lavoir, four à pain, jardin et cimetière. Les élèves affluent et la congrégation reçoit de nombreuses aides qui permettent aux soeurs de toujours maintenir leur action. Il faudra les deux guerres mondiales, des frais insurmontables, des épidémies, des menaces permanentes de fermeture pour que la congrégations des Visitandines ou du moins, ce qu'il en restait se retira de Grasse.

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En 1824, le conseil municipal qui a changé d'avis sur les Visitandines, construit un petit pont pour accéder de la Place Neuve à l'église de la Visitation. En 1880, les Visitandines sont 25 à être cloitrées. Puis les Visitandines, profiteront de la loi de 1901 qui autorise officiellement des personnes à se regrouper pour partager une même passion. En plus de la prière, de la méditation et de l'aide aux malades et aux miséreux, les Visitandines bien que cloitrées, accueillent les jeunes filles issues de la bourgeoisie grassoise à qui elles enseignent la fabrication de dentelles, de broderie et de pommades. Ces différents ouvrages étaient exposés et vendus dans les années 1950/60 à l'occasion de fêtes religieuses célébrées dans la chapelle. Les anciens grassois se souviennent aussi des chants religieux qui montaient tous les jours depuis couvent ... mais en 1981, les religieuses, peu nombreuses, quittent Grasse et rejoignent la congrégation dans le Vaucluse. Protégées et autosuffisantes, les « bonnes soeurs » auront vécu au rythme de Dieu et hors du temps pendant 157 ans.

 

Document Nice-Matin

http://archives.nicematin.com/article/grasse/grasse-couvent-de-la-visitation-les-murs-sen-souviennent-encore.6752.html

D'après : Archives municipales de la ville de Grasse et de l'ouvrage de Joseph Farmarier, « Contribution à la connaissance de la ville de Grasse ».

 

Documents Robert Raspati

 

 

Le couvent et le jardin des Visitandines à Grasse - Photos André Raspati

 

http://www.grassetourisme.fr/IMG/pdf/fiche_6_visitationx.pdf

 

L’autel de style néobaroque se trouve dans le jardin. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand l'autel était dans la chapelle

 

 

 

Les vendanges à la Visitation

Documents Jean-Marie Rouvier

Les vendanges à l'ancien couvent de la Visitation, il y a quelques années en arrière avec les élèves de l 'école Sainte-Marthe et les compagnons du patrimoine... Que de beaux moments et que de bons souvenirs !!!

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La chapelle de la Visitation

 

 

Nouvelles photos du couvent de la Visitation - Journées du Patrimoine 2019

 

Photos André Raspati

 

Les lavoirs et bassins du jardin du couvent de la Visitation - Photos André Raspati

 

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Les mystérieux souterrains du l'ancien couvent de la Visitation... En bas à gauche le bassin où le corps des soeurs défuntes étaient lavé (photos André Raspati)

Documents Jean-Marie Rouvier
Documents Jean-Marie Rouvier

"Parmi les images que l'ont ne voit pas souvent à Grasse, celle de l 'ascenseur de l'ancien couvent de la Visitation où au plus haut de la cage d'escalier sur le plafond ce décor d'anges que je tenais à vous faire partager"

 

Petits oratoires à l'intérieur du couvent de la Visitation - Documents Jean-Marie Rouvier

"Après quelques années , en tant que dernier gardien de l'ancien couvent de la Visitation à Grasse , j'ai laissé dans les locaux à mon départ quelques éléments comme ces oratoires miniatures...Monsieur Désirée Zimorski les a photographiés et publiés sur Facebook , alors je tenais à le remercier car ces images l'ont marqué et sensibiliseront sans doute d 'autres personnes..." Jean Marie Rouvier   25/09/2019

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§6 - LES CAPUCINS

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Il y peu de traces de l'histoire des Capucins à Grasse. Des recherches complémentaires dans les archives seront nécessaires. Nous savons tout de même qu'ils occupaient des bâtiments sur l'emplacement du Palais de Justice c'est à dire là où se trouvaient les usines Chiris.  Il s'agit du lieu situé au sud-est de la ville, hors des murs de l'ancienne cité. Cette parcelle où se trouvait le couvent des Capucins à Grasse au XVIIe et au XVIIIe a fait l'objet de fouilles archéologiques. Mais elles n'ont pas permis de retrouver des vestiges des structures du couvent.

http://L'Usine Chiris - d'aprèsDUMONT Aurélie (Archéologie médiévale / Année 1997)

Par les textes manuscrits et littéraires, nous savons toutefois que cette partie de la campagne de Grasse faisait partie, au début du Xe siècle, des possessions de l'ordre des Templiers. L'année... 1208 correspond à la première mention d'une maison de l'ordre des Templiers à Grasse et, durant l'année 1211 d'ailleurs, l'évêque d'Antibes autorise les templiers à construire une église (l'église Saint-Jacques), des bâtiments attenants et un cimetière. Puis au début du XIVe siècle, il semblerait que l'ordre religieux militaire des Hospitaliers occupaient ces locaux des templiers.

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Et en 1605, les Capucins s'installent à Grasse et fondent un couvent à côté de l'église Saint-Jacques. Ils y resteront jusqu'en 1793 mais ils ne résisteront pas aux mouvements de le Révolution et devront quitter leur couvent qui sera vendu comme bien national puis au parfumeur Chiris qui voulait étendre ses installations industrielles pour la parfumerie.

https://www.persee.fr/search?ta=article&q=grasse

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Résultats des fouilles archéologique du couvent des Capucins

https://books.google.fr/books?

 

Le couvent des capucins se trouvait donc au sud de la cité ancienne et en dehors des remparts. Au départ des Capucins au XVIIIe siècle, les bâtiments du couvent seront occupé par la parfumerie Chiris dont la création remonte au 18e siècle, 1768 selon son histoire officielle, mais son installation sur le site de l'ancien couvent des Capucins remonte à l'année 1868 pour le centenaire de son activité.

 

Esquisse des usines Chiris à Grasse installées dans le couvent de capucins - https://dossiersinventaire.maregionsud.fr

 

Peu après cette installation, les anciens bâtiments de l'établissement religieux, dont on ne conserve pas de traces, sont remplacés ou intégrés à une construction industrielle plus imposante. L'une des dates portées sur la façade de l'usine, l'année 1868, devait évoquer la date d'édification de cette première structure une autre date, 1768 rappellerait la création de la société Chiris mais rien n'évoque un évènement lié aux Capucins..

 

 

Puis la parfumerie Chiris quittera l'ancien site du couvent des capucins pour intégrer le site de Sanofi-Bio-Industries au Plan de Grasse. Par la suite, les locaux seront rachetés par la ville de Grasse et détruits pour y construire le nouveau Palais de Justice de la ville.

 

Document Nice-Matin

 

Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses
Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses
Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses
Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses
Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses
Grasse-vintage -- Les congrégations religieuses

 

 

 

§7 - LES DOMINICAINS

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Les Dominicains sont un ordre mendiant. Ils sont les frères prêcheurs de l'Ordre de Saint-Dominique. Ils étaient aussi chargés d'enseigner la  philosophie et la théologie...Par exemple, les dominicains de Grasse assuraient la formation intellectuelle du clergé du diocèse avant la création en 1700 du séminaire diocésain . 

 https://www.persee.fr/search?ta=article&q=les+dominicains+de+grasse

 

Photos André Raspati

 

Au n° 5 de la rue Ossola se trouve une plaque qui rappelle la présence au XIVe siècle du couvent et de l'église des Dominicains qui occupaient  une grande partie de l'espace situé à l'intérieur de l'angle rue Ossola et rue Amiral de Grasse. Ces bâtiments semblent avoir été très vastes. Ils continuaient vers l'esplanade du Cours dans les locaux qui étaient occupés à une époque récente par l'ancienne fabrique de glaces Chiotasse et auparavant par les parfumeurs Quine et Hugues.

 

Photo André Raspati

Différents autres locaux étaient reliés au couvent autour d'une petite cour. Cette cour existe toujours mais l'accès est fermé par une porte qui donne sur la rue Ossola (photo ci-contre). C'est ici et autour de cette cour que se trouvait en 1791 le Tribunal du District remplacé sous la Terreur par le Tribunal Révolutionnaire du Var en 1792. Et c'est donc ici qu'ont été prononcées les condamnations à mort et l'envoi à la guillotine du Clavecin. Il reste de cette époque des anciennes inscriptions "Greffe" ou encore Salle du Président. Dans cet ensemble ont été trouvés aussi un tunnel et quelques souterrains qui conduisaient à Tracastel. (Infos Joseph Farnarier : "Contribution à la connaissance de la ville de Grasse". Mais en ce qui concerne l'emplacement exact de ces différents bâtiments, rien n'est précis. Voir ci-après le compte rendu des fouilles réalisées en 2010 par la société Hades.

 

 

La chapelle et le couvent des Dominicains sur les plans cadastraux du début XVIIIe siècle

L'histoire de ce couvent des Dominicains remonte au XIIIe siècle quand Charles Ier, roi de Naples et de Sicile et Comte de Provence leur donne des fonds pour construire une petite chapelle à l'extérieur des remparts. Cette chapelle sera pillée par les Sarrazins mais début XIVe ils seront autorisés à s'installer à l'intérieur de la ville et une tour et les murailles proches leur sont données. Le couvent est né... Un enclos hors des murs, une petite oliveraie, quelques parties de moulins à blé permettront aux religieux de produire blé, huile, olives... L'église que l'on distingue parfaitement sur ce plan à l'angle de la rue Amiral de Grasse et rue Ossola sera dédiée à Notre Dame du Rosaire et possèdera différentes reliques.

Mais tout cela ne durera pas ... En 1768 l'Evêque en charge de la congrégation estimera que les quatorze religieux présents n'assument pas leur rôle ; ils ne prêchent pas ; ils ne confessent pas. Ils passent leur temps dans l'oisiveté avec quelques laïcs qui viennent perdre le leur et perdre aussi leur argent. Malgré les tentatives du maire de la ville et du conseil municipal, en 1771 une réforme sur les monastères entraine la suppression et la fermeture définitive du couvent. La Révolution le confirmera et y installera donc comme vu plus haut le Tribunal du District.

Le couvent et l'église ont été en principe démolis sous l'Empire.

 

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L'HISTOIRE DU COUVENT DES DOMINICAINS DE GRASSE

Mémoire historique sur le couvent des Dominicains ou Frères prêcheurs de Grasse depuis sa fondation au XIIIe siècle.

 "inventaire sommaire des couvents à Grasse" : //books.google.fr/books?id=0voYAAAAYAAJ&pg=PA189&lpg=PA189&dq=les+couvents+%C3%A0+grass&source=bl&ots=FUDRwaAIAB&sig=ACfU3U0v8yyHfiB5XVLMBt4SChptH3JcbQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjkluLQgaLhAhVDSxoKHdkrB6s4ChDoATAAegQICRAB

XIIIe siècle - "Le couvent de Prêcheurs de la ville de Grasse fut fondé, l'année 1266 par Charles Ier "roy" de Naples et de Sicile, comte de Provence. Ce prince donna en même temps des fonds pour la subsistance des religieux. Le couvent et l'église furent d'abord bâtis hors de la ville ; mais ayant été dans la suite plusieurs fois pillés et démolis par les sarrazins, les religieux, en vertu des lettres patentes de Charles second, 'roy" de Sicile et de Jérusalem, comte de Provence, données à Naples, le 25 juin 1304, s'établirent dans la ville et en 1469, René, "roy" de Jérusalem, d'Aragon et des Deux-Siciles, comte de Provence, leur concéda une tour et les murailles où ledit couvent se trouve actuellement construit. Les guerres civiles survenues depuis ce temps là ont porté un grand préjudice au couvent royal des Prêcheurs et surtout leurs titres ont été brûlés par les ennemis de l'Etat. On se flatte cependant de les trouver dans les archives de Messieurs de la Cour des Comptes.

Depuis l'an 1469, les Prêcheurs ont tranquillement joui des remparts sur lesquels une partie de leur couvent est construit ; ils en ont joui comme un don fait par plusieurs souverains et il est de leur intérêt de le maintenir dans cette possession ; ils n'ont jamais payé aucun "sens"...

1285-1629 - Vidimus (acte certifié conforme) d'une bulle du pape Honoré IV, donné à la requête du prieur du couvent de Grasse, défendant à tous prélats d'enfreindre les privilèges des religieux Dominicains dudit Grasse sous peine de nullité (1285) - Lettres apostoliques accordant des indulgences aux personnes qui visiteront, des premières aux secondes vêpres, l'église du Rosaire des Dominicains de Grasse, aux fêtes de la Purification, de l'Annonciation, de l'Assomption, de la Nativité, de la Conception de la Sainte Vierge (1510).

1629 - Bref du pape Urbain VIII, défendant de recevoir en France à l'avenir les novices à l'habit et profession dans l'ordre de Saint-Dominique ailleurs que dans les couvents de l'étroite observance dudit ordre.

1771 - Extrait de délibérations du conseil de la communauté de Grasse et du chapitre de la cathédrale, tendant à obtenir que le couvent des Dominicains ne fut pas supprimé à la suite du rapport de la commission royale établie pour la réforme des monastères. Dans le conseil général de la communauté de la ville de Grasse du 30 juin 1771, il a été proposé et délibéré entr'autres choses ce qui suit : auquel conseil Monsieur de Gallemard, maire, a dit que que l'on a appris avec autant d'étonnement que la douleur que la commission établie par Sa Majesté pour la réformation des monastères, a arrêté la suppression du couvent de RR. PP. Dominicains établis en cette ville par fondation royale au commencement du treizième siècle ; que cette ville ne peut être indifférente sur la suppression d'un

 

Les Dominicains enseignaient la théologie et la philosophie avant l'existence du séminaire en 1700

 

établissement dont elle a, dans tous les temps, éprouvé les plus grands avantages, soit par l'enseignement de la théologie et de la philosophie que les Pères ont toujours fait gratuitement, jusqu'à l'établissement du séminaire, soit par les secours spirituels qu'ils ont donnés en temps de calamité et qu'ils ne cessent de donner par le ministère de la parole et du confessionnal, dont la privatisation serait nuisible à une ville peuplée où il n'ya qu'une seule paroisse en considérant surtout que la situation de l'église de ces religieux qui est à portée des habitants de la campagne et le nombre de messes qui s'y célèbrent les jours de fête et de dimanche aux heures les plus commodes, la font regarder comme une grande paroisse. De plus, cet établissement n'est pas moins important relativement à l'intérêt temporel de la ville, puisque les conventuels, au nombre de six prêtres qui sont affiliés dans le monastère, sont tous de la ville et de famille honorable, qui y trouvent un asile commode et décent sans perdre de vue leur famille et leur patrie, qu'ils éclairent de leurs lumières, édifient par leurs exemples et la régularité de leur conduite. Le dit sieur Maire a cru qu'il était du devoir de sa charge de présenter au conseil ces différentes observations, qui intéresse essentiellement le public, pour y être délibéré. Sur laquelle proposition les sieurs assemblés en ayant entendu la lecture, ont unanimement délibéré et donné pouvoir à MM. les consuls d'écrire au plus tôt à Monseigneur l'évêque pour le supplier de conserver par sa protection un établissement autant recommandable par son ancienneté que par sa science, les vertus et la régularité des religieux qui le composent..."

https://books.google.fr/books?id=0voYAAAAYAAJ&pg=PA189&lpg=PA189&dq=les+couvents+%C3%A0+grass&source=bl&ots=FUDRwaAIAB&sig=ACfU3U0v8yyHfiB5XVLMBt4SChptH3JcbQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjkluLQgaLhAhVDSxoKHdkrB6s4ChDoATAAegQICRAB#v=onepage&q=les%20couvents%20%C3%A0%20grass&f=false

 

Rien n'y fera le monastère sera supprimé en 1771.

 

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COUVENT ET ÉGLISE DES FRÈRES PRÊCHEURS DOMINICAINS

ce qu'il en reste...

Fouilles EN 2010 - Responsable : Fabien BLANC

https://www.hades-archeologie.com/operation/couvent-et-eglise-des-freres-precheurs/

Ces fouilles récentes dans les locaux commerciaux du n°3 et du n°5 de la rue Jean Ossola n'ont pas permis de retrouver des traces ou des éléments liés à cette période pendant laquelle le Dominicains occupaient les lieux.

 

 

 

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Le "domaine" des Dominicains de Grasse a donc complètement disparu mais ils ont donné leur nom à la fontaine située

en face de l'ancien couvent et de l'église.

 

La fontaine des Dominicains

 

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BREVE HISTOIRE DES DOMINICAINS

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Saint Dominique de Guzmán, fondateur des dominicains. Peinture du XVIIe siècle

 

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En 1215, entouré de quelques missionnaires, saint Dominique fonde dans le sud de la France l’ordre des Frères prêcheurs qu’il place sous la règle de saint Augustin avec pour vocation de combattre l’hérésie, en particulier cathare, par la prédication et l’enseignement, tout en professant un idéal de pauvreté absolue. Ainsi, dépourvus de biens communautaires comme de biens propres, les dominicains sont un ordre mendiant. 

En tant qu’ordre prêcheur, les dominicains sont au service de la Parole de Dieu. L’amour divin, vérité passionnément recherchée à travers la prière et l’étude, et le don total de soi au Christ sont les messages que les missionnaires vont annoncer avec ferveur, afin que les hommes construisent l’Église.

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SAINT DOMINIQUE (1170-1221), les pauvres prédications d’un chien du Seigneur

Dominique de Guzman est né dans une famille de la noblesse de Castille. Sa mère sera béatifiée par l’Église. Studieux et porté à la piété, il étudie la philosophie et la théologie. Une famine sévit alors, et il donne tout ce qu’il possède. Il entre dans les ordres comme chanoine de saint Augustin. En 1203, lors d’un voyage vers le Danemark avec son évêque, il constate la misère spirituelle du sud de la France et les dégâts causés par l’hérésie cathare. Le pape les charge d’assister ses émissaires qui tentent en vain de rechristianiser les Albigeois. En effet, ces missionnaires accompagnés de serviteurs et de chevaux n’ont rien de la simplicité évangélique qu’ils prêchent aux autochtones… C’est donc à pied, retrouvant le dénuement complet des apôtres, qu’avec une quinzaine de disciples, Dominique part convertir.

 

 

Aujourd'hui, les dominicains vivent dans des couvents dirigés par un prieur élu pour un temps donné. Les couvents sont regroupés en provinces dirigées par des provinciaux également élus pour un temps. Mais l'ordre est dirigé par un maître général (le général) élu à vie.

Le travail manuel n'est pas inscrit dans la règle qui organise la vie des dominicains (contrairement aux ordres de moines bénédictins et aux cisterciens). Le temps passé aux offices (prières en commun) est réduit. Par contre le temps consacré à la formation intellectuelle et à l'évangélisation est important.

 

 

L'ordre perd de l'influence au XVe siècle, mais reprend de l'importance au moment de la réforme catholique du XVIe siècle.

En France les dominicains sont supprimés en 1790, comme tous les ordres religieux. Ils sont rétablis en 1841. Les dominicains sont très présents dans la vie intellectuelle, la presse et l'édition. Certains ont été des précurseurs des idées nouvelles qui vont tenter une réforme de l'Église catholique au moment du concile de Vatican II au début des années 1960.

 

 

§8 - LES CORDELIERS

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d'après l'ouvrage de Joseph Farnarier : "Contribution à la connaissance de la ville de Grasse"

Aujourd'hui, plus rien ne rappelle la présence d'un couvent dans le quartier Martelly à Grasse. Et pourtant, là où se trouve encore pour quelques mois le Monoprix de Grasse il y avait au XIIIe siècle hors les murs du XIIIe siècle, une église, l'église Saint-François, et un couvent qui étaient occupés par une branche des Frères mineurs de la congrégation des Franciscains, les frères appelés les "Cordeliers". Cent ans plus tard, pour protéger ces constructions, les remparts du XIV engloberont église et couvent.

 

Une des rares photos du couvent des Cordeliers
1950, l'équipe de basket de Grasse joue devant le couvent des Cordeliers devenu la parfumerie Bruno Court - Document Jean Napoli

 

"Les cordeliers est le nom donné à certains moines franciscains établis en France. Leur nom leur aurait été attribué par Jean de Beaufort lors de la septième croisade décidé par Saint-Louis (Louis IX) au milieu du XIIIe siècle entre 1248 et 1254. Pendant la croisade, le roi ayant remarqué des religieux très combatifs envers les Sarrasins, demanda leur nom. On lui répondit qu’ils étaient "liés de cordes" ce qui donna « cordes liés » puis  les "cordeliers". En effet, ces moines portaient sur leur robe de bure brune ou grise, une grosse corde, armée de nœuds de distance en distance, qui tombait presque jusqu’à leurs pieds et d'un capuchon court et arrondi. Ils appartenaient à l’ordre des Frères mineurs, appelés les Franciscains, fondé par Saint-François d'Assise et confirmé par le pape Honorius III en 1223". https://fr.wikipedia.org/wiki/Cordeliers

Donc ces frères occupaient le couvent fondé sous Bertrand d'Aix, évêque d'Antibes en vertu d'une charte de Raymond Béranger V, comte de Provence du 15 juillet 1240. En 1464 ils sont les seuls à posséder une horloge dans la ville. En 1642, il y avait au couvent 9 prêtres, 2 diacres, 2 novices et 1 serviteur. Le couvent sera restauré en 1648 grâce à l'aide de Monseigneur Godeau, homme de lettre et évêque de Grasse, nommé à ce titre par Richelieu en 1636.

 

La chapelle, le couvent et le cimetière des Cordeliers sur les plans cadastraux du début XVIIIe siècle

 

Les Cordeliers avaient un petit cimetière dans leur jardin et l'enterrement des morts était pour eux une source de revenus appréciable plus important que les autres couvents de la ville et même que la cathédrale. Ce cimetière et le jardin qui l'entourait devinrent le cimetière communal de 1777 à 1873 avant de disparaître complètement avec la création du cimetière de Sainte-Brigitte sur la route de Draguignan décidé en 1871 par la municipalité Joseph Roubaud et inauguré en 1873.

 

 

Les frères ont appelé la rue qui longe la partie est de leur église à l'intérieur des remparts du XIIIe siècle, la rue des Cordeliers. Ce nom sera changé plus tard par rue Antoine Maure (Maire de Grasse de 1898 à 1901 puis député de 1902 à 1906) et ensuite rue Paul Goby (géologue français 1879-1937), nom qui lui est resté.

En 1728 il ne reste que 4 prêtres et en 1785, un arrêté municipal confirme que les Cordeliers ont la propriété non seulement de la cour devant leur église mais encore du rempart. Sous la Révolution, la municipalité y distribua du pain lors des mauvaises récoltes dues au grand froid. 

Le couvent servit ensuite d'hôpital pour les Frères de l'Armée du Var, une des armées de la Révolution française établie le long du Var, frontière à l'époque entre la France et le Piemont ; elle était chargée de protéger la Provence. Joseph Farnarier nous indique que, à cette époque, trois cloches du couvent furent envoyées à Marseille pour la fonderie de canons en 1791.

Ensuite le monastère et le cloître sont vendus à un certain Claude Bruerie, commerçant grassois, en l'An 4 entre le 2 et le 12 thermidor. Puis, toujours à la même époque, l'église, le couvent et la cour suivent le même chemin. L'histoire s'accélère encore après. La chapelle est vendue aux enchères publiques à la Ville. Elle est transformée en magasins à blé. Neuf ans après elle devient un entrepôt à houille.

Puis en 1884, le couvent est vide ; il n'y a plus de moines ni de prêtres. Le conseil municipal de l'époque propose d'aménager à l'étage du couvent, au dessus des voûtes, une école de filles. Le couvent lui même étant occupé par des magasins et des remises qui donnaient sur la place et sur la rue. Mais le projet, malgré les plans et les devis fut abandonné. En 1885, l'église des cordeliers est mise en adjudication avec un bail de 18 ans. C'est Monsieur Merle qui l'obtient. Il en deviendra même propriétaire des murs et y installera la parfumerie Merle qui deviendra par la suite la parfumerie Bruno Court. 

 

 

Il faut remonter à la parfumerie Notre-Dame des Fleurs puis Bruno Court, fondée à Vence en 1812, par les frères Paulin et Bruno Court. Sébastien Merle (père d'Antoine et d'Augustin Merle, apprentis, puis, collaborateurs de l'usine de Vence) acquiert en 1872 le fonds de commerce et le transfère à Grasse.

 

Le 2 décembre 1878 il cède son affaire à ses deux fils qui décident de l'exploiter sous la raison sociale "Bruno Court". Depuis cette date Antoine Merle assure la direction commerciale et Augustin Merle la direction technique. Ils installent l'usine dans l'ancien couvent des Cordelliers restaure et le transforme en local industriel, procèdent à son extension au dessus de la place Martelly ; on assiste à la création des premiers ateliers d'extraction des hydrocarbures. http://grasse-vintage.over-blog.com/

 

Les bâtiments Bruno Court au dessus de la Place Martelly un jour de neige

 

L'église des Cordeliers avec les autres bâtiments du couvent, serviront de lieu d'enfleurage pendant 90 ans aux parfumeries Merle et plus tard Bruno-Court. 

 

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Des difficultés économiques déjà apparues avant la Seconde Guerre mondiale, s'aggravent encore avec le conflit. Bruno Court cesse son exploitation. La société et les locaux sont vendus en 1951 à messieurs Pierre Ziller (député) et Jean Roure qui maintiennent l'activité de Bruno Court encore quelques années, avant de céder à nouveau l'entreprise, à la fin des années 1950, à  la société V. Mane et Fils. Celle-ci met un terme à l'activité de Bruno Court et vend les locaux dans les années 1960. Le site est progressivement démoli et laisse place à divers programmes immobiliers : constructions d'un supermarché, d'un parking public et d'un hôtel. En 1954 la société Bruno Court employait 30 personnes." 

 

 

Document Nice-Matin

 

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Le cimetière qui jouxtait l'église des Cordeliers ayant été transféré au quartier Saint-Brigitte dans le nouveau cimetière inauguré en 1873, le terrain ainsi laissé vacant en ville aura une toute autre vie. Il servira à de nombreuses utilisations dont les plus anciens grassois se souviennent : terrain de boules permanent, puis terrain de foire à bestiaux et aux arbres de temps en temps (foire de la Saint-Michel ou foire de la Saint-André), ou encore terrain pour accueillir les cirques jusqu'au milieu du XXe siècle, terrain de basket... il s'y passait sans cesse quelque chose. Cet espace sera appelé "le Pati" ce qui veut dire en étymologie provençale « pâtis; pacage, préau, cour intérieure, basse-cour, cloaque, fumier, place, loge à porcs » mais aussi, au XVII ème siècle, patus signifie l’espace inculte, piétiné par le passage des hommes et bêtes rentrant à la maison ou au bercail, situé au ras des bâtiments, propre à rien sinon à la circulation..."

 

En haut de la photo, l'église des Cordeliers transformée en parfumerie, puis l'esplanade du "Pati" qui servait à des activités très diverses et en 1888, la création des lacets depuis l'esplanade pour rejoindre l'avenue du Riou Blanquet en contrebas, au sud de la ville.

 

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En 1969 lorsque la marque Bruno Court repris par Messieurs Roure et Ziller eut été vendue à la Parfumerie Mane, les bâtiments, église et couvent, ont été entièrement démoli pour faire place à la construction d'une grande surface appartenant à la chaine Monoprix, filiale plus tard de Casino.

 

Photo André Raspati
La rue des Cordeliers, à gauche le bâtiment de Monoprix - Photo André Raspati

 

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Lors des travaux de la démolition la porte de la chapelle des Cordeliers, est heureusement préservée et déplacée en grande partie à la rue de l'Oratoire où elle est devenue la porte de la chapelle de l'Oratoire. Il s'agit d'un sauvetage miraculeux qui permet de conserver l'esprit des Cordeliers à Grasse. 

 

 

 

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Et toujours dans les années 1965/1970, l'esplanade du Pati sera transformée en totalité. Un parking y sera construit et il portera le nom de Notre-Dame-des-Fleurs rappelant le nom de la parfumerie venue de Vence en 1872 pour occuper la chapelle abandonnée par la religion.

 

Le parking Notre-Dame-des-Fleurs

 

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Au XXIe siècle ce quartier des Cordeliers fera l'objet de nouveaux projets d'aménagement urbain. Le projet Martelly doit re-dynamiser le centre ville moribond et donner une autre allure à ce quartier assez moche pour une entrée dans la ville par le sens unique voulu par la municipalité de Jean-Pierre Leleux... 

 

 

Le projet est plutôt ambitieux pour les finances fragiles de la ville de Grasse. Nous verrons bien...

 

 

 

 

 

 

§9 - LES URSULINES

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L’ordre de Sainte-Ursule est un ordre religieux catholique fondé en 1935 à Brescia en Italie par sainte Angèle Mérici (1474-1540) qui constituent le premier ordre féminin enseignant de l'Eglise.

Contrairement aux congrégations catholiques de cette époque, la compagnie de Sainte-Ursule fondée par Angèle Merici est une nouvelle famille de religieuses non cloitrées n'ayant pas prononcé de vœu public. Ces sœurs sont donc, en fait, des laïques qui se rencontrent souvent pour des congrès et des actes de dévotion, mais ne vivent pas en communauté. Dans ses écrits, Angèle Merici ne donne aucune consigne concernant leur apostolat. Quatre ans après sa mort la compagnie est reconnue par le pape Paul III. À la suite du concile de Trente (1545) entre autres, les Ursulines commencent à vivre en communautés retirées à Milan (1572) et à Avignon (1596). En 1572, le cardinal archevêque de Milan, saint-Charles Borromée en modifie les institutions en soumettant les sœurs à la règle de Saint-Augustin. Les sœurs prononcent désormais des vœux et se voient imposer la vie commune. Elles se soumettent à l'autorité épiscopale. Le nouvel ordre ainsi créé est officiellement reconnu par le pape Grégoire XIII. Seules les sœurs de Brescia conservent les institutions originales d'Angèle Merici.  En France, le premier Couvent des Ursulines a été fondé en 1600 dans la ville de l'Isle sur La  Sorgue.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_Sainte-Ursule

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Jean Paul Lemieux - Les Ursulines - 1951 - Huile sur toile

 

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Une congrégation non cloîtrée

Tout milite en France en faveur de la formule d’Ursulines en congrégation séculière non cloîtrées. La nature même de la mission confiée aux Ursulines justifiait ce choix. Précisons  aussi  que,  dans  les  premières  années  de  son  établissement dans une ville  (et cela peut durer dix ou vingt ans), une communauté de quelques Ursulines n’a pas de chapelle, pas de converses ni de tourières. Qu’il  s’agisse  d’assister  à  la messe  quotidienne, d’aller se confesser, de conduire  les  filles  à  l’église, ou d’effectuer les  démarches de la vie matérielle, les Ursulines ont besoin de sortir de leur maison.

 

La règle de la communauté

Pour  connaître  la  vie  des  communautés  d’Ursulines de notre région, nous  disposons  d’un  manuscrit  en  latin rédigé entre 1619 et 1622 11 12 13. Les soeurs émettent un vœu  de chasteté et doivent pratiquer l’obéissance et la sainte pauvreté. La compagnie est placée sous l’autorité de  l’évêque qui  nomme  un  directeur  et  un  confesseur,  choisi chez les Oratoriens là où ils ont une congrégation.

Les soeurs ont quitté leurs familles et vivent sous un même toit, sans être cloîtrées. Elles peuvent recevoir les jeunes filles à instruire. Les hommes ne voient les Ursulines qu’au parloir et, surtout,  n’entrent dans la maison qu’en cas de nécessités bien précisées.

 

Les Ursulines enseignent aux Jeunes Filles

 

Les  dimanches  et jours  de  fête,  les  sœurs enseignent la doctrine aux filles de la ville leur lisent des livres spirituels et chantent avec elles.  Elles vont à la sainte  messe  en  accompagnant  leurs  élèves,  avec  "ordre  et modestie". Elles portent une tunique noire sans ornements, avec un petit voile de taffetas. Si une fille déjà admise a des infirmités incurables, est désobéissante ou si son  comportement peut porter préjudice à la réputation de la compagnie, elle devra s’en aller, après vote des sœurs et avis du Père directeur.

Enfin, dans chaque ville,  la compagnie est gouvernée par une mère supérieure, aidée d’une assistante et de quatre conseillères, sous l’autorité du père nommé par l’évêque.

Les Ursulines seront chassées de leurs couvents et de leurs établissements comme tous les ordres religieux de ce type.

 

Photo internet

 

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Les Ursulines à Grasse

(avec quelques infos de Gisèle  Rolando)

C'est sans doute en 1606 que les Ursulines s'installent à Grasse. Les archives Communales précisent en 1621 l'existence du Couvent des Ursulines, place de la Roque, proche de la Chapelle St Michel puis on les retrouve dans la rue Tracastel dans de petits locaux aménagés en couvent, à côté de la petite chapelle Saint-Thomas. Peu nombreuses au début et en difficultés financières pour faire vivre leur communauté, elles accueillent en 1634 les soeurs Visitandines qui viennent s'installer à Grasse et dont elles accepteront l'aide en partageant avec elles l'occupation de leur couvent. D'ailleurs, elles adopteront leur règle de vie et certaines se fondront même dans leur communauté. Cela marquera la fin des Ursulines à Grasse.

 

La chapelle Saint-Thomas à Grasse, rue Tracastel - Photos André Raspati

 

Durant la Révolution le bâtiment conventuel est acheté par un prêtre qui contribuera à préserver l'ensemble mais les soeurs Visitandines et donc les Ursulines seront chassées. Elles reviendront toujours ensemble en 1807 à Grasse mais résideront provisoirement dans le bâtiment de l'ancien séminaire, au n° 23 au bas de la rue Tracastel qui, plus tard deviendra une parfumerie (la parfumerie Warrick Frères). Et puis en 1820, la communauté religieuse s'installent dans ce qui deviendra le couvent de la Visitation attenant à l'église du même nom, à un jardin et un cimetière.

On ne parle plus de la congrégation des Ursulines par la suite. (Recherches en cours)

 

 

 

§10 - LES SOEURS DE SAINT-THOMAS DE VILLENEUVE

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La Congrégation des Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve, dite aussi « Congrégation des Sœurs hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve » a été fondée à Lamballe, petite ville des Côtes-d’Armor en 1661 par le Père Ange Le Proust (1624-1697), religieux augustin. Mais leur nom fait référence à Thomas de Villeneuve (1486-1555), archevêque de Valence en Espagne et canonisé en 1658.

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En 1659, le Père Ange Le Proust, nommé prieur du couvent de la ville, organise des festivités en l’honneur du nouveau saint (Saint-Thomas de Villeneuve). C’est au cours d’une adoration du Saint Sacrement qu’il reçut une « illumination » : quelque chose devait être entrepris pour remédier à la situation des pauvres de l’Hôtel-Dieu de Lamballe, dont l’état misérable l’avait fortement bouleversé.

Le petit Hôtel-Dieu de Lamballe est à l’époque un petit bâtiment au sol de terre battue, où les malades sont couchés sur la paille. Matériellement, le petit Hôpital est pauvre : les rentes sont les seules recettes de l’hôpital, et elles sont souvent mal payées. Le seul personnel est un groupement de nobles et bourgeois locaux, la « Confrérie de la Charité », fondée en 1650. La confrérie, elle, est riche, avec des ressources propres, et ses membres visitent les pauvres en apportant des secours matériels ; malheureusement, ils ne peuvent assurer une présence régulière du fait de leurs obligations familiales et sociales.

 

Photos internet

 

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Il choisit alors dans cette Confrérie du Tiers-Ordre plusieurs jeunes femmes, donc membres de la Confrérie, à qui il dévoile son projet. Elles l'acceptent et partagent une conviction : « pour s’occuper des pauvres malades, il faut des coeurs et des mains de femmes, toutes données à Dieu et à ses pauvres. » Les autorités royales et religieuses (évêques) approuveront cette création.

La confrérie désigne les trois dames choisies par le Père Ange pour demeurer à l’hôpital. Leur but sera « de restaurer le petit Hôtel Dieu de Lamballe, d’y soigner les pauvres, et de s'occuper aussi de plusieurs autres petits hôpitaux qui ne sont pas accessibles aux religieuses (cloîtrées). Elles s'occuperont aussi de l'enseignement chrétien et de l'assistance aux personnes âgées ; elles seront chargées de restaurer leurs chapelles où le Seigneur n’est pas mieux logé que les pauvres ». Leur travail pour les soins des malades sera remarquable et les congrégations de ce type se multiplient un peu partout en France

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Bien entendu la Révolution de 1789 chassera les soeurs qui pourront toutefois continuer à oeuvrer dans les hôpitaux mais en tenue laïque en conservant la fidélité à leur voeu et l'obéissance à Rome. Les établissements pour filles pénitentes et les écoles charitables pour lesquelles elles s'étaient investies, ferment. Au total, la congrégation quitte une vingtaine de maisons d'éducation. 

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Au début du XXIe siècle, elles sont toujours présentes en France, au Sénégal, au Bénin et au Pérou. Elles comptaient, en 2007, 230 religieuses dans 25 maisons. En 2016, selon la Conférence des religieux et religieuses de France, la congrégation ne compte plus que 160 religieuses et 16 maisons.

https://www.congregation-stv.org/mieux-nous-connaitre/histoire-de-la-congregation-2/

 

Les soeurs hospitalières pendant la guerre de 1914/18 - Photos internet

 

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Les Sœurs de Saint Thomas de Villeneuve à Grasse

Après délibérations du Maire de Grasse et du Sous Préfet, les Soeurs de Saint Thomas de Villeneuve sont autorisées en 1901 à s'installer officiellement dans le couvent laissé vide par les soeurs Ursulines au moment de la révolution. Ces soeurs se chargeront d'instruire des jeunes filles pauvres au début mais peu à peu et dès que cela leur sera autorisé, l'ancien couvent deviendra une école, maternelle et primaire, privée, réputée pour son sérieux et très appréciée des familles, l'école privée Jeanne d'Arc. La congrégation des soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve sera présente également à Cannes (couvent et école) à la rue Meynadier de 1859 à 1939 et aussi à Hyères et Menton.  La congrégation des soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve s'occupera également d'assister les malades de l'hôpital civil de Grasse. https://www.monument-tracker.com/guide/4073-chapelle-saint-thomas.html

 

L'école privée Jeanne d'Arc dans le cloître des Ursulines

 

Les soeurs de la Congrégation de Saint-Thomas de Villeneuve quittent Grasse en 1993 et veulent vendre leur bâtiment de la cité ancienne qui n'est pas aux normes de sécurité imposées aux écoles. Jeanne d'Arc sera reprise par l'institut Fenelon qui regroupera toutes les écoles maternelles, primaire et collège catholiques de Grasse sur un site unique après le départ des religieuses de la congrégation des Dominicaines du Saint Nom de Jésus en 1988 (école Sainte-Marthe) et donc de la congrégation de Saint Thomas de Villeneuve (école Jeanne d'Arc) en 1993.

 

 

 

 

 

§11 - LES DOMINICAINES DU SAINT NOM DE JESUS

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L'école Sainte-Marthe

En 1831, une école privée de jeunes filles est ouverte à Grasse et l'enseignement en est confié à la congrégation des Soeurs de Sainte-Marthe après avoir eu l'accord de la municipalité compte tenu de leur excellente réputation dans l'enseignement à Nice. Cet établissement se serait situé au départ dans le quartier de l'ancien palais de justice. Il s'installera par la suite dans le couvent qui servait d'orphelinat et de pension de famille à côté du Pont du Sud et dont l'ordre des Soeurs de Sainte-Marthe avaient la charge.

 

 

En 1925 les Sœurs de Sainte-Marthe de Grasse qui enseignaient sont absorbées par une autre congrégation, les Dominicaines du Saint-Nom de Jésus, une congrégation dominicaine religieuse catholique féminine créée en France au début du XIXe siècle pour l’enseignement et l’éducation des jeunes filles. Par la catéchèse, l’animation pastorale, la présence auprès des jeunes et l’enseignement, elles poursuivent un but : "l’annonce de la Parole de Dieu à tous. Enracinées dans la prière personnelle et communautaire, la vie fraternelle et l’étude, elles témoignent que la foi est source de joie et de paix, et que rien n’est une raison de désespérer de la miséricorde de Dieu". En 1886, cette congrégation prit le nom des Dominicaines du Saint-Nom de Jésus.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominicaines_du_Saint_Nom_de_J%C3%A9sus

 

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En 1964, la prieure de l’institut Sainte-Marthe à Grasse se nomme Mère Simoulin . Elle sera choisi par la suite pour assumer la responsabilité de toute la congrégation des Dominicaines du Saint Nom de Jésus.

 

A VOIR

Claire Tite J’aimerais beaucoup avoir davantage de souvenirs sur les sœurs dominicaines de Sainte Marthe : mère Marie Geneviève , Mère Dominique , Mère Prieure ... je sais que certaines sont à saint Étienne et à Toulouse. ... 

 

 

On sait la suite... l'école maternelle et primaire Sainte Marthe de Grasse est très réputée mais dans le cadre d'un regroupement souhaité par l'évêché de Nice de toutes les écoles privées catholiques de la ville de Grasse et du fait que la congrégation du Saint Nom de Jésus souhaitait vendre ses locaux, l'école rejoindra l'institut Fenelon qui prendra le leadership de l'ensemble et installera Sainte-Marthe dans un ensemble flambant neuf sur le terrain des anciennes usines Tombarel.

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LE TIERS LIEU SAINTE-MARTHE
 

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Les bâtiments, les cours, les jardins et l'espace de l'ancienne école Sainte-Marthe sont devenus un TIERS LIEU. 

Tiers-lieu est un terme traduit de l'anglais The Third Place faisant référence aux environnements sociaux qui viennent après la maison et le travail. C'est une thèse développée par Ray Oldenburg, professeur américain dans son livre publié en 1989 :  "The Great Good Place". 

Les tiers-lieux sont importants pour la société civile, la démocratie, la société civile , l'engagement civique et instaurent d'autres appropriations et partages de l'espace. Il s’entend comme volet complémentaire, destiné à la vie sociale de la communauté, et se rapporte à des espaces où les individus peuvent se rencontrer, se réunir et échanger de façon informelle. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Tiers-lieu#D%C3%A9finitions)

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Septembre 2021

Pendant les journées du Patrimoine une exposition a été présentée dans la chapelle de cette ancienne école chrétienne, désormais désacralisée. Il s'agissait d'une exposition sur les écoles de Grasse d'antan, réalisée et présentée par Jean-Pierre FROITZHEIM. On a pu y découvrir toute une galerie de photos de classe anciennes, différents objets scolaires d'une autre époque (trousses, cartables, plumes, buvards...) et de nombreuses grandes cartes de géographie qui étaient exposées dans les classes.

 

Photos André Raspati

 

 

 

 

 

§12 - LES SALESIENS

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Blason de l'institut religieux de saint Jean Bosco « Donne-moi des âmes et prends le reste »

 

Les Salésiens forment une congrégation cléricale de droit pontifical. Il s'agit donc d'un groupement d'hommes ou de femmes catholiques dont le style de vie est inspiré par l'Evangile et l'orientation apostolique ont été formellement approuvés par le Saint-Siège (le Pape et la curie romaine). Une congrégation cléricale ou institut de vie consacrée est un type d'organisation religieuse catholique, dont les membres (pères, frères, sœurs) prononcent des voeux religieux.

La congrégation des salésiens a été fondée à Turin par saint Jean BOSCO le 18 décembre 1859 avec dix-sept jeunes qu'il accompagne depuis plusieurs années. Mais l'idée de s'appeler salésiens est née le 26 janvier 1854. Saint Jean Bosco, comme tous les habitants du Piemont, connaît Saint-François de Sales, appelé l'apôtre de la douceur. C'est pour cette douceur que Don Bosco choisit le nom de salésien.

La vocation de la congrégation des salésiens est de donner une éducation à la jeunesse. Ils ont pour cela la gestion d'écoles, principalement professionnelles, de maisons à caractère social et de paroisses. Ils sont présents sur les cinq continents.

Avec la branche féminine, les religieuses couramment appelées salésiennes (de leur véritable nom "Les Filles de Marie-Auxilliatrice"), les salésiens et salésiennes coopérateurs (Tiers-Ordre) et vingt cinq autres groupes nés ultérieurement, ils forment la famille salésienne.

Au nombre de 16 106 en 2010, en 2008, ils regroupent en outre 14 655 religieuses et 24 196 salésiens et salésiennes coopérateurs.

 

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Saint Jean Bosco (1815-1888)

Il est le fondateur de la société saint François de Sales (salésiens) et Filles de Marie-Auxiliatrice, saint Patron des apprentis.

 

Saint Jean BOSCO

 

Jean Bosco est né le 16 août 1815 aux Becchi, groupe de petites fermes du hameau de Castelnuovo d'Asti dans le Piémont. Ses parents sont de pauvres paysans. Sa dextérité et son intelligence lui donnent une grande influence sur les enfants de son âge, qu'il entraîne avec lui vers les divertissements et la prière. Doté d'une mémoire extraordinaire, il s'amuse à répéter à ses amis les sermons qu’il a entendu à l'Eglise. Il sera prêtre à la force du poignet, nommé à Turin en 1841, il se consacre aux jeunes des quartiers pauvres et abandonnés. On l'appelle Don Bosco. Il décide avec sa mère d'ouvrir un refuge, offrant le toit et le couvert pour les plus déshérités. Ce foyer voit ses activités s'élargir (cours du soir, foyer d’apprentis, école secondaire, camp de vacances). Il développe l’idée assez neuve que l'éducation intellectuelle et professionnelle permet de prévenir la délinquance. Le 26 janvier 1854, il s'entoure de prêtres éducateurs avec lesquels il fonde la Société de Saint François de Sales plus connue sous le nom de Congrégation des Salésiens et dont la vocation est l'éducation des jeunes défavorisés.

https://www.anciens-fenelon-grasse.com/accueil/les-personnalit%C3%A9s-marquantes/

 

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Les Salésiens à Grasse

Les Salésiens prennent la direction de l'Institut Fénelon en 1936 avec Le Père Charles Toesca et en partent en 1958. 

 

 

 

L'Histoire de l'Institut Fénelon et des salésiens est étroitement liée à la volonté des familles grassoises d'avoir depuis plusieurs siècles la présence d'une école catholique à leurs côtés pour la formation de leurs enfants.

 

  • En 1854, François Aristide GASQUET, en religion  Frère SOUVAIN, arrive comme vicaire à Grasse au moment de l’ouverture d’une école primaire dirigée par les Frères des Écoles Chrétiennes. Cette école était située sous le cours Honoré Cresp.
  • En 1860, pour des raisons d’utilité publique, la ville de Grasse décide la démolition de l’école. Le chanoine MAUNIER, Archiprêtre de Grasse et le Frère SOUVAIN lancent un appel aux habitants et grâce à de nombreux dons acquièrent une propriété située au-dessous de la route Napoléon. Quatre ans plus tard, le bâtiment est terminé et devient l’École Saint Louis.
  • En 1870, cette école est réquisitionnée et transformée en hôpital que les sœurs de  Hospitalières de Sainte Marthe prennent en charge. Après la guerre, les élèves retrouvent leur école et Frère SOUVAIN continue de l’agrandir et de la décorer, peignant lui-même le plafond du hall.
  • En 1876, le chanoine MAUNIER cède le bâtiment et le terrain aux Frères des Écoles Chrétiennes.
  • En 1887, un don de Monsieur CROÜET permet la construction de la chapelle qui sera bénie en décembre 1893 et dédiée au Sacré-cœur.
  • En 1899, le Frère SOUVAIN s’éteint.

 

 

  • En 1904, les Écoles Chrétiennes seront fermées en raison des lois contre les congrégations et la loi de séparation de l’Église et de l’État mais l’école primaire Saint Louis sera maintenue.
  • En 1918, un groupe de personnalités grassoises crée un comité des écoles libres auquel collabore Alphonse MOREL. La fondation d’un petit collège qui reçoit le nom de collège Fragonard voit le jour dans la partie non occupée par l’école Saint Louis qui jouxte la chapelle du lycée.

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  • En 1919, sous l’impulsion d’Alphonse MOREL, la totalité de l’immeuble est racheté. Charles AUDRAN arrive à Grasse et prend la direction du collège. Le père  Charles AUDRAN ayant une profonde admiration pour François Fénelon, c’est tout naturellement et en signe d’hommage filial que le collège Fragonard devient l’INSTITUT FENELON et Charles AUDRAN en devient le directeur fondateur. Il y a 14 élèves.

 

 

  • En 1922, il y a 50 élèves et les classes fonctionnent de la 11ème jusqu’à la 3ème mais la cohabitation est de plus en plus difficile et Charles AUDRAN propose à Alphonse MOREL la fusion des deux établissements en 1927.
  • Le 6 juin 1928, Alphonse MOREL transforme le comité Fénelon en Association Fénelon et en 1933 l’école Saint Louis est rattachée à l’Institut Fénelon sous la direction unique de Charles AUDRAN. Ainsi Fénelon absorbe Saint Louis et les frères des écoles chrétiennes qui étaient propriétaires des murs par le biais de la SCI la Callade, vendent l’immeuble à l’union sacerdotale de Nice.

 

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  • Dès 1935, l’école prend un essor important et il faut trouver une congrégation enseignante qui accepte de prendre la charge de l’institut Fénelon. C’est  Monseigneur REMOND, évêque de Nice, qui décidera les Salésiens à prendre la direction de l’Institut.
  • Le père Charles TOESCA en devient directeur en 1936 et cinq agrandissements voient le jour : la transformation de l’entrée, des cours, du dortoir, de la cuisine et de l’infirmerie. Le bâtiment principal est surélevé d’un étage et le chauffage central est installé.
  • En 1937, un nouveau bâtiment sort de terre grâce à la générosité d’un protestant, Fred FIRMENICH, industriel à Genève. 4 nouvelles classes voient le jour ainsi que le grand escalier qui relie les deux cours.
  • En 1939, le père TOESCA, construit un bâtiment perpendiculaire au corps principal de 3 étages.
  • En 1940, c’est l’acquisition de la villa Marie-Claire située rue du palais de justice en contrebas de Fénelon et le 11 décembre 1945 la villa Muraour.

 

L'institut Fénelon en 1947

 

  • En 1946, le père AUFFREY remplace le père TOESCA pendant 6 ans puis le père TOESCA revient en 1952 et continue sa politique de grands travaux en surélevant encore une fois le bâtiment principal et ouvre la porte donnant sur la route Napoléon. Charles AUDRAN s’éteint le 9 mars de cette même année.
  • En 1958, les Salésiens quittent Fénelon et le chanoine Ghiraldi vicaire de la paroisse d’Antibes devient le nouveau directeur et fait l’acquisition de la petite maison Harmel située montée de l’ancienne gendarmerie. Il fait construire également une salle de spectacle dans la cours du bas surélevée de deux classes.
  • En 1961, c’est la signature du contrat d’association : l’Etat reconnaît officiellement l’existence des écoles privées.
  • En 1963, c’est l’arrivée du Chanoine SEVETTE  dont l’érudition et la modernité restent encore dans les mémoires. Il restera douze ans. Il y a alors plus de 600 élèves et la mixité fait son apparition.

 

A gauche le Père Brunet et l'abbé Joly - à droite le Père Sevette avec les communiants de l'Institut Fénelon

 

  • En 1975, le père VAILLANT, Chanoine Prémontré,  succède à l’ Abbé Sevette. La villa Harmel est achetée et la maternelle est ouverte avec Sœur Madeleine.
  • En 1981, pour la première fois, un directeur laïc prend la direction de l’institut.

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Dans le blog concernant les écoles de Grasse

http://grasse-vintage.over-blog.com/2016/12/grasse-vintage-les-ecoles.html

se trouve l'histoire de l'institut Fénelon.

 

 

 

 

 

§13 -  LES CARMELITES

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Sur les pentes du Mont Carmel, là où est né l'ordre des carmélites
Les vestiges du premier carmel en Palestine

 

La reconquête de la Terre Sainte par les Sarrazins oblige les ermites à fuir en Europe où ils s’efforcent de vivre leur charisme dans des conditions de vie tout autres. Des communautés féminines fondées dans le même esprit, en particulier aux Pays-Bas (béguinages) s’adjoignent à leur vie priante. 

Donc, les premiers Carmes quittent leurs ermitages au début du XIIIe siècle pour se réfugier en Europe. Après bien des tribulations, l'ordre érémitique dont les membres ont donc fait le choix d'une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement, se transforme en ordre monastique composé de moines (pour les hommes) et de moniales (pour les femmes) qui ont prononcé des voeux religieux et  vivent sous une règle commune, séparés du monde.

Le 18 octobre 1604, six carmélites espagnoles fondèrent à Paris le premier carmel de France.

 

 

Le Carmel aujourd'hui

Il existe aujourd'hui différentes branches de carmes :

  • les Carmes (pour les hommes) ;
  • les Carmélites (pour les femmes), appelées le second ordre car leur ordre a été créé après l'ordre des Carmes ;
  • le Tiers-Ordre carmélite pour les laïcs, appelé le troisième ordre car créé dans un troisième temps.

 

L'Oraison

L'ordre du Carmel est porteur d'une tradition spirituelle riche, qui a une grande importance pour l'Eglise catholique tout entière. Ils sont spécialement connus pour leur enseignement sur l'oraison, centre de la vie spirituelle du Carmel. 

L’oraison silencieuse est une forme de prière. Cette manière de prier existe dans le christianisme depuis les origines, même si elle a été particulièrement mise en valeur par l'ordre du Carmel, où elle est pratiquée deux heures par jour.

 

L'Oraison de l'Ordre du Carmel - Photo internet

 

Les carmélites à Grasse et dans notre région 

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En ce qui concerne notre région, tout commence par la création d'un carmel à Narbonne le 27 Mai 1620. Comme tous les autres couvents, le carmel de Narbonne sera évacué et les soeurs dispersées par la Révolution en 1794. Après un exil en Espagne de presque un siècle, le carmel de Narbonne est restauré pour permettre aux soeurs de retrouver leur couvent remis en état.

 

Ce qu'il reste du carmel de Narbonne

 

Mais avec la loi de 1901, les soeurs sont à nouveau condamnées à l'exil. Elles s'installent en Espagne jusqu'en 1920 puis reviennent alors dans leurs bâtiments en France à Narbonne. Très vite ces locaux s'avèrent trop petits. Le soeurs cherchent alors un autre endroit plus vaste qui pourrait les accueillir. Une famille amie d'une des religieuses propose une maison bourgeoise disponible à Grasse, au nord de la ville, à gauche de la route Napoléon qui monte à Saint-Vallier et un peu après l'usine Charabot.

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Cela convient parfaitement à leur souhait quelques travaux y sont effectués pour l'adapter à l'installation d'une congrégation religieuse comme par exemple l'aménagement d'un chapelle avec son petit clocher. Les 17 soeurs présentent dans le carmel de Narbonne à ce moment là, déménagent à Grasse le 23 décembre 1935 dans leur nouveau carmel.

Tout se passe parfaitement bien mais la proximité immédiate d'une route nationale très fréquentée puis la présence des écoles Saint-Hilaire juste en dessous contrarient de plus en plus la quiétude des soeurs pour leur recueillement. Elles n'y tiennent plus et en 1968 demandent à l'évêché de Nice de leur trouver un autre lieu plus calme et mieux adapté à la prière. 

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Le Chanoine Colombo, responsable de l'immobilier à l'évêché de Nice est chargé de cette mission. Il se rend à Grasse pour visiter le Carmel et étudier les besoins immobilier de la congrégation, les salles de prières, les chambres, les cuisines, salles communes etc... La propriété possède un jardin, pas grand du tout mais le chanoine y remarque un chêne qui lui donne fière allure. Il décide que la recherche d'un terrain dans un parc de chênes sera la bonne idée pour y installer le nouveau carmel. C'est tout près de Carros qu'il déniche ce paradis. Et effectivement le havre de paix des carmélites sera construit ici. 

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Le 10 décembre1970 les soeurs emménagent dans leurs nouveaux locaux et quittent donc la ville de Grasse. Le Monastère du Carmel de Carros a été inauguré le 18 Avril 1971 et s’étend dans un cadre naturel de toute beauté et de silence tant recherché. Cette communauté est composée à ce moment là de 12 sœurs dont la vie se partage entre la prière et le travail, dans une ambiance simple et fraternelle.

 

Notre Dame du Carmel de Carros

 

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Les carmélites ont donc quitté la ville de Grasse mais elles céderont leur bâtiment du Carmel aux Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé institut religieux féminin de droit pontifical dont le siège est à Strasbourg. Ces nouvelles hôtes y établissent une pension pour les religieux convalescents ou qui désirent passer quelques jours de repos. Il s'agit de la Pension Sainte-Thérèse.

 

Document Jean Napoli

 

 

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Mais au début des années 2000, le manque de vocations des soeurs de cette congrégation, leur fait jeter l'éponge. Elle quitte cette magnifique pension. Le groupe Odaly's  rachète, puis rénove l'ancienne pension Sainte-Thérèse qui devient  l'hôtel Mandarina. Cet hôtel dispose d'une vue exceptionnelle. L'aspect extérieur est superbe  et le clocheton de l'ancienne église du couvent a été conservé mais les places de parking ne sont pas très nombreuses.

 

L'hôtel Mandarina où se trouvait le couvent des Carmélites à Grasse -A gauche une des porte du couvent

Mais ce lieu n'a pas de chance ; l'hôtel sera fermé dans les années 2015/2016.

 

 

 

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§14 -  LA COMMUNAUTÉ DES BÉATITUDES

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Les anciens grassois se souviennent de leur préparation aux communions solennelles et des retraites scolaires dans le domaine de Notre Dame de Valcluse, cet espace religieux d'un calme absolu où ils découvraient la religion chrétienne en pleine nature, le chemin de croix sous les grands platanes et dans le parc traversé par un agréable ruisseau. Ce lieu de prières, de recueillement et de pèlerinages était géré sous la responsabilité de la Paroisse de Grasse. Le chanoine Villebenoit, archiprêtre de la cathédrale de Grasse pendant plusieurs années au milieu du XXe siècle y a consacré une énergie considérable
Mais le lieu demande des moyens importants pour entretenir le site. La réduction du nombre de prêtres à la Paroisse de Grasse a contraint l'archevêché de confier la gestion de Valcluse à une communauté religieuse qui en assurera la gestion matérielle et l'animation religieuse, la Communauté des Béatitudes.

 

Notre Dame de Valcluse - Photo André Raspati

 

 

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"La Communauté des Béatitudes fait partie des « communautés nouvelles » nées dans l’Eglise Catholique à la suite du Concile Vatican II et dans la mouvance du Renouveau Charismatique. Elle rassemble en son sein des fidèles de toutes conditions de vie (familles, célibataires, frères et sœurs consacrés…), désireux de partager une vie fraternelle qui allie une dimension contemplative marquée et de nombreuses activités apostoliques et missionnaires.

De l’initiative de la Communauté des Béatitudes sont nés, au fil des ans, divers apostolats. Ils ont émergé comme en débordement de la prière et de la vie fraternelle, prenant des visages multiples selon les appels de l’Eglise : œuvres de compassion, d’évangélisation, de formation, d’aide au développement, animation de sanctuaires,…

 

 

Née en 1973 en France, à l’initiative de deux couples, la Communauté des Béatitudes est aujourd’hui une réalité internationale répartie sur les cinq continents. Reconnue par l’Eglise au niveau diocésain dans un premier temps, la Communauté a été érigée  en Association privée internationale de fidèles de droit pontifical pour les laïcs le 8 décembre 2002. La Communauté a récemment revu ses statuts et a été érigée en Association Publique de fidèles de droit diocésain le 29 juin 2011, en vue de devenir une nouvelle Famille ecclésiale de vie consacrée. Ce changement vise à assurer une meilleure prise en compte de la nature propre de chaque état de vie. Elle est située ainsi au cœur de l’Eglise universelle et enracinée dans l’Eglise locale des différents diocèses où elle est implantée."

http://www.sanctuaire-nd-valcluse.org/la-communaute/​​​​​​

 

Notre Dame de Valcluse - Photos André Raspati

 

LES BRANCHES DE LA COMMUNAUTÉ

Les laïcs

La branche des laïcs est composée de fidèles, hommes et femmes, laïcs (mariés ou célibataires) et clercs (diacres permanents) qui veulent suivre l’appel qu’ils ont reçu du Seigneur, en vivant selon le charisme de la Communauté des Béatitudes.

Ils choisissent d’assumer une certaine forme de vie communautaire compatible avec leur vocation propre, de tendre à une vie de prière profonde et continuelle et de participer aux missions et apostolats de la Communauté.

Les frères et les sœurs consacrés

Les consacrés de la Communauté professent les conseils évangéliques de chasteté, pauvreté, obéissance. Par le port de l’habit, ils seront un signe du Royaume et manifesteront visiblement la vocation de tout chrétien à se laisser épouser par Dieu. La vie consacrée au sein de la Communauté peut prendre de nombreux visages, selon l’appel : vie plus contemplative, vie apostolique ou d’évangélisation, service des pauvres. Cette variété d’appels constitue la richesse de notre Communauté et exprime la largesse de notre charisme.

 

http://www.sanctuaire-nd-valcluse.org/les-galeries-photos/

 

L’apostolat de tous les frères consiste en premier lieu dans le témoignage de leur vie consacrée. Les frères prêtres seront disponibles à répondre aux appels de l’Esprit-Saint et à se rendre en tout lieu du monde, où, insérés dans la vie d’une maison de la Communauté et en communion avec l’Eglise locale et ses pasteurs, ils pourront mettre leur ministère au service du peuple de Dieu.

Plus d’informations sur le site de la communauté : béatitudes.org

http://www.sanctuaire-nd-valcluse.org/la-communaute/​​​​​​

 

 

ASSOCIATION « LES AMIS DU SANCTUAIRE NOTRE-DAME DE VALCLUSE »

L’Association « Les Amis du Sanctuaire  Notre-Dame de Valcluse » a été fondée officiellement en 1979. Elle a pour but de sauvegarder, restaurer, rénover, embellir la chapelle, les bâtiments et les abords du Sanctuaire. Elle est composée de bénévoles, appelés « artisans », qui participent activement tout au long de l’année aux différents temps forts organisés par l’Association, qui permettent de récolter des fonds pour financer les travaux nécessaires à l’embellissement du lieu.

 

Notre Dame de Valcluse - Photos André Raspati

 

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Un peu plus sur l'histoire de la Communauté des Béatitudes

Pour plus de détails  :    https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_des_B%C3%A9atitudes

 

La Communauté des Béatitudes est une communauté catholique née en France en 1973 et reconnue en 2002 de droit pontifical. Située dans la mouvance du renouveau charismatique, elle est une communauté de type « famille ecclésiale de vie consacrée » approuvée par l'archevêque de Toulouse, Monseigneur Le Gall, sous l'autorité romaine de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique . La communauté rassemble des sœurs et des frères consacrés, dont des prêtres, ainsi que des fidèles laïcs (célibataires, couples et diacres permanents) partageant offices liturgiques, vie fraternelle et mission. En 2016, la communauté compte 737 membres répartis dans 52 maisons et dans 28 pays.

 

Notre Dame de Valcluse - Photo André Raspati

Fondation

Deux couples mariés, Gérard et Josette Croissant et Jean-Marc et Mireille Hammel, entament une vie communautaire à Montpellier le 25 mai 1973. Tous sont protestants, à l'exception de Josette Croissant. Gérard Croissant, qui se destinait à devenir pasteur, se convertit au catholicisme lors d'un séjour à Rome à la Pentecôte 1975. Il confesse la foi catholique en 1976, accompagné des premiers membres de la communauté. Il prendra le nom d'« Éphraïm » lors de son ordination diaconale en 1978. Les premiers membres sont rapidement rejoints par d'autres, désireux de mener une vie sur le modèle de la communauté primitive de Jérusalem.

En 1975, la communauté s'installe dans le diocèse d'Albi, où elle prend le nom de « Communauté du Lion de Juda et de l'Agneau immolé ». C'est seulement en 1991 qu'elle devient la « communauté des Béatitudes ».

En 1978, parmi les membres de la communauté, plusieurs hommes et femmes célibataires font vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance. À cette occasion, ils reçoivent des noms de profession ainsi qu'un habit, signe de leur consécration.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_des_B%C3%A9atitudes

 

 

 

 

 

 

§15 -  QUELQUES AUTRES CONGREGATIONS

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 LES TRINITAIRES

ASSOCIATION HOSPITALIERE ET CHARITABLE

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Les soeurs Trinitaires ont été très actives dans la région de Grasse puisqu'elle ont assumé jusqu'en 1930, la charge de l'Hospice de Bar-sur-Loup et de l'école et le patronage de filles. Il semble que dans la fin du XXe siècle, les soeurs Trinitaires étaient présentes dans la Maison de repos et de convalescence LES CEDRES à Grasse .

 

La maison de repos "Les Cèdres" à Grasse - Photo André Raspati

 

La chapelle du couvent voisine l'ancien hospice de Bar-sur-Loup - Photo Nice-Matin
Septembre 1929 - Le patronage des filles de Bar-sur-Loup animé par les soeurs Trinitaire - Document Robert Raspati

 

 

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LES SOEURS SAINT-JOSEPH DE GERONE

Présentes dans le passé à la CLINIQUE RICORD pour s'occuper des malades

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La clinique La Madeleine - Photo Nice-Matin

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CONGREGATION SAINT-JOSEPH

 

 

Cette magnifique demeure située à la sortie de Grasse en direction de Nice appartenait dans le temps à une famille bourgeoise de Grasse sous l'appellation "Villa Norah". Jean Napoli nous informe que cette maison a été par la suite  occupée par les religieuses de la congrégation Saint-Joseph dans le dernier quart du XXe siècle. Elle a été par la suite rachetée et occupée par Monsieur et Madame BARTHA, les propriétaires du Domaine du Château Saint-Georges voisin.

 

 

 

 

LES PRINCIPALES CONGREGATIONS RELIGIEUSES DANS LE MONDE

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Document : https://www.franciscain.org/saint-francois-dassise

 

Les« ordres », les « congrégations » et autres instituts religieux se comptent aujourd'hui par plusieurs centaines au niveau mondial. En voici une liste sommaire tout à fait impressionnante proposée par wikipedia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_congr%C3%A9gations_catholiques#Les_ordres_monastiques (pour les lecteurs qui veulent approfondir cette liste)

 

 

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De cette longue liste, nous citerons quatre ordres religieux, les plus anciens ou les plus importants...ou qui ont eu un nombre considérable de membres.

LES BENEDICTINS  : Il s'agit de l'Ordre de l'Occident chrétien qui a connu le plus large succès et un des plus anciens (début du VIe siècle).

LES CISTERCIENS : ordre monastique de droit pontifical. C'est une branche réformée des bénédictins dont l'origine remonte à la fondation de l'abbaye de Cîteaux en 1098. L'ordre cistercien joue un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du XII e siècle.

LES TRAPPISTES : ordre monastique catholique contemplatif

LES CHARTREUX : un ordre érémitique (les ermites) fondé en 1084 

 

L'abbaye cistercienne de Saint-Honorat

 

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Mais au XIIIe siècle, leur suprématie sera contestée et concurrencée. Et si Grasse n'a pas abrité ces ordres majeurs, elle ouvrira par contre grandes ses portes à des ordres nouveaux qui partageront leur l'histoire avec celle de notre cité.

 

 

 

 

LA CRISE DU MONACHISME DU XIIIe SIECLE

 

Le monachisme est l'état et le mode de vie de personnes qui ont prononcé des voeux et font partie d’un ordre dont les membres vivent sous une règle commune, séparés du monde, les moines pour les hommes et les moniales pour les femmes. Le mot vient du grec ancien monos qui signifie « solitaire » et plus particulièrement « célibataire ».

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Le 13e siècle est marqué par une crise du monachisme traditionnel, le monastère n'exerce plus le même attrait que durant les siècles précédents. Dans les abbayes bénédictines ou cisterciennes, les religieux pratiquaient la pauvreté personnelle, conformément au vœu qu'ils avaient prononcé. Mais cette pauvreté individuelle n'excluait pas une richesse collective car il arrivait que les communautés monastiques s'enrichissent considérablement. L'exemple le plus notable est celui de Cluny et de ses dépendances, puisque ce monastère cumulait tant de richesses matérielles qu'il était devenu une véritable puissance foncière, financière et seigneuriale.

 

L'Abbaye bénédictine de Cluny

 

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En voyant que les préoccupations matérielles ont pris le pas sur les préoccupations spirituelles, les fidèles se sont alors tournés vers d'autres formes de vie religieuse, comme celle préconisée par les Ordres mendiants.

 

Ces ordres mendiants, au contraire des moines traditionnels, vivent dans le siècle, au milieu des populations à qui ils prêchent la bonne parole. Rapidement les fidèles sont séduits par leur discours et surtout par le dénuement matériel qu'ils préconisent.

 

 

NAISSANCE DES ORDRES MONASTIQUES NOUVEAUX

LES ORDRES MENDIANTS

 

  • LES FRANCISCAINS (Ordre des frères mineurs, portent un habit brun), fondés en 1209 et leur ramification les CAPUCINS, (Ordre des frères mineurs)et aussi les CORDELIERS, (Ordre des frères mineurs) nom donné à certains franciscains établis en France. Ces moines portaient sur leur robe de bure brune ou grise, une grosse corde, armée de nœuds. 
  • LES CARMES pour les moines hommes, LES CARMELITES pour les moniales femmes et le TIERS-ORDRE CARMELITE pour les laïcs (Ordre du Carmel, portent un habit marron), fondés en 1214.
  • LES DOMINICAINS (Ordre des prêcheurs, portent un habit blanc), fondés en 1215 par un chanoine espagnol.
  • LES AUGUSTINS (Ermites de saint Augustin, portent un habit noir), fondés en 1256

Le deuxième concile de Lyon (1274) reconnut ces nouveaux ordres en tant que quatre « grands » ordres mendiants, et a supprimé certains autres, appelés « minorites ».

 

La pauvreté volontaire dans les ordres mendiants

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L'Ordre Mendiant

Un ordre mendiant est un ordre religieux qui dépend de la charité . En principe, il ne possède ni individuellement ni collectivement de propriété : les religieux appelés frères ont fait voeu de pauvreté pour consacrer tout leur temps et leur énergie à leur vocation religieuse. Apparu avec la bourgeoisie urbaine médiévale, cet ordre vit dans des couvents dans les villes et se différencie des ordres monastiques, seigneuries vivant derrière une clôture et percevant des droits féodaux.

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Les ordres mendiants chrétiens, soutenus dès leur origine par le pape Innocent III, se consacrent à la prédication de l'Evangile et au service des pauvres. 

Les deux principaux ordres, les Dominicains et les Franciscains les  furent fondés par Dominique de Guzman (saint Dominique) et François d'Assise (saint François). Respectivement implantés au sud de la France et au nord de l'Italie, ils proposèrent un modèle de service de Dieu au sein de la société. Ils attirèrent rapidement le patronage tant de la bourgeoisie que de l'aristocratie. Leur action se développa rapidement dans les villes dont l'accroissement de la population dépassait la construction des églises. La plupart des villes médiévales d'Europe de l'Ouest quelle que soit leur taille possédèrent une ou plusieurs maisons de ces ordres. Certaines de leurs églises furent construites de grande taille avec de larges espaces consacrés à la prédication, en en faisant une spécificité des ordres mendiants.

Le Concile de Trente a assoupli leurs restrictions vis-à-vis de la propriété. Puis, à l'exception des franciscains et de leur ramification les Capucins, des membres des ordres furent autorisés à posséder des propriétés collectivement.

 

Prédication des ordres mendiants - Photo internet

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Les Ordres Mendiants sont des Ordres Mineurs

Dans la religion catholique, les Ordres Mineurs sont des ministères ou fonctions, plus étroitement liés à la liturgie, qui ont été considérés comme des institutions précédant la réception des ordres majeurs ou sacrés destinés aux prêtres. Dans l'église catholique latine, ces ordres mineurs étaient au nombre de quatre, selon la hiérarchie croissante :

1) Le Portier : sa charge, connue depuis le IIIe siècle : « Le portier devait garder l'église jour et nuit, avoir soin que rien ne s'y perde ; ouvrir et fermer l'église et la sacristie ; avoir soin de la propreté et de la décoration de l'église ; sonner les cloches pour indiquer les heures des différentes prières ; faire tenir chacun en son rang et faire observer le silence et la modestie ; empêcher les infidèles d'entrer dans l'église, troubler les offices, profaner les mystères ; ouvrir le livre à celui qui prêche. Ses fonctions pouvaient être conférées à des laïques. »

2) Le Lecteur est, dans plusieurs Églises chrétiennes, chargé principalement de lire à voix haute des extraits de l'Ecriture lors de l'office sauf les évangiles. Il est aussi affecté à la garde des livres sacrés ; il peut diriger le chœur. Dans certaines paroisses, il assure l'ordonnance de l'office.

3) L'Exorciste est une personne chargée de chasser des démons. Il existe ainsi de nombreux exorcistes indépendants qui proposent leurs services. Dans la religion catholique, il s'agit d'un prêtre à qui un évêque a confié cette charge spécifique. Dans chaque diocèse un prêtre a normalement reçu cette mission.

4) L'Acolyte est, dans l'Eglise catholique orthodoxe et anglicane, une personne dont la fonction est d'assister le prêtre et le diacre lors des célébrations liturgiques.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_mendiant  &  https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordres_mineurs

 

Les acolytes - La Messe de Bolsena, fresque de Raphaël, 1514.

 

 

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Avec mes plus vifs remerciements aux différentes personnes qui m'ont aidé à réaliser ce blog "Grasse-Vintage" et tout particulièrement :

  • La Région PACA qui m'a aimablement autorisé à utiliser les textes et les photos publiés dans l'inventaire général du Patrimoine Culturel : https://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?texte=%22parfumerie+de+Grasse%22&type=Dossiers
  • Le centre de Documentation iconographique, documentaire et historique produite par les services patrimoniaux de la DRAC PACA et réalisée par Gabriel BENALLOUL -  http://patrimages.culture.fr/
  • La Maison du Patrimoine de la Ville de Grasse dont la responsable Laurence ARGUEYROLLES m’a permis d’accéder à de très nombreuses informations - animation.patrimoine@ville-grasse.fr 
  • Les Archives Communales de la Ville de Grasse qui m'ont aidé dans mes recherches et permis d'accéder à de très nombreuses informations - http://www.ville-grasse.fr/archives_communales.html   et particulièrement Mesdames  BARBUSSE et HERNANDEZ 
  • Corinne JULIEN-BOTTONI qui m'a aimablement autorisé à publier ses articles de l'histoire de Grasse qui paraissent régulièrement dans Nice-Matin 
  • Robert VERLAQUE, professeur, historien, auteur d'ouvrages sur Grasse (Grasse du Moyen-Age à la Belle-Epoque, Grasse au XX ème siècle), Président du Cercle Culturel de Grasse qui m'a transmis de nombreux documents
  • Alain SABATIER, photographe qui m'a autorisé à utiliser ses clichés pour illustrer mes blogs
  • Toutes les personnes qui m'ont prêté leur collection de cartes postales, de photos ou de documents. 
  • Toutes les personnes qui publient ou qui ont publié sur les réseaux sociaux des documents ayant un lien avec mon blog

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Bibliographie

  • "Contribution à la connaissance de la ville de Grasse" de Joseph FARNARIER
  • "Le Pays de Grasse" de Hervé de FONTMICHEL
  • "Grasse, Portrait d'une ville provençale" d'Alain SABATIER et Lucien AUNE
  • "Grasse, dans les bouleversements du XXe siècle" de Robert VERLAQUE

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